RARE MEDAILLE de NAPOLEON I BONAPARTE

Se trouve gEnEralement en Cuivre ou Bronze.

Evaluation : 6000 euros

Exemplaire Superbe avec un très fort relief, et une jolie patine ancienne, très rare en argent

Argent Massif de 88 grammes, diamEtre 60mm, Epaisseur 3mm

BONAPARTE - REIP - ITAL - PRAESES - ANNO III

TEte à droite avec Etoile derrière le cou.

Revers : DUX - TUTUS - AB - INSIDIIS

Le Destin, sous les traits d'un vieillard, est assis près des trois Parques ailées.

signE LM . Médaille de Luigi Manfredini d'aprEs A. Appiani, pour l'attentat du 24 décembre 1800 de la rue Saint-Nicaise ou conspiration de la machine infernale.

24 décembre 1800

L'attentat de la rue Saint-Nicaise


Le soir du 24 décembre 1800, la capitale française est secouée par une violente explosion.

Le Premier Consul Napoléon Bonaparte a été visé par une «machine infernale» en se rendant à l'opéra. La bombe a explosé à l'instant où son cortège s'engageait dans la rue Saint-Nicaise, sur le chemin qui mène du palais des Tuileries à l'opéra, place Louvois, dans le quartier du Sentier (le passage Saint-Nicaise et l'opéra ont aujourd'hui disparu).

Le Premier Consul est miraculeusement épargné mais l'attentat fait autour de lui vingt-deux morts et cinquante-six blessés.

«Le fracas du coup, les cris des habitants, le cliquetis des vitres, le bruit des cheminées et des tuiles pleuvant de toutes part, firent croire au général Lannes, qui était avec le Consul, que tout le quartier s'écroulait sur eux», racontera Pierre Louis Desmaret, chef de la division de la police secrète.

Un coup à gauche

Le carrosse de Bonaparte poursuit sa route et le Premier Consul se rend au spectacle comme si de rien n'était... sans se préoccuper du sort de son épouse Joséphine et de sa belle-fille Hortense, laquelle a été légèrement blessée, dans une autre voiture. Mais, dès le lendemain, il saisit le prétexte de l'attentat pour frapper le camp jacobin qui lui en veut d'avoir mis fin à la Révolution en instaurant un an plus tôt sa dictature.

Le Sénat dresse une liste de 130 proscrits et Joseph Fouché, ancien prêtre oratorien devenu ministre de la Police générale, en fait déporter pas moins de 95.

Fouché mène par ailleurs son enquête. Ses enquêteurs n'ont pas la tâche facile. Ils ne disposent pour tout indice que de la tête du cheval qui traînait la machine infernale. Avec celle-ci, ils font le tour des maquignons de Paris et identifient les acheteurs du cheval ! Fouché peut bientôt apporter la preuve au Premier Consul que l'attentat de la rue Saint-Nicaise a été en fait ourdi par les chouans royalistes.

Un coup à droite

Qu'à cela ne tienne. Après avoir frappé à gauche, Bonaparte frappe à droite ! Il fait établir des tribunaux spéciaux pour punir les coupables. Parmi eux deux chefs royalistes, rapidement guillotinés...

Mais, vexé que Fouché l'ait contredit sur les responsables de l'attentat, le Premier Consul lui enlève le ministère de la Police et lui donne en compensation un siège de sénateur (lorsque, quatre ans plus tard, le royaliste Georges Cadoudal manigancera un nouvel attentat contre le Premier Consul, celui-ci se repentira de s'être séparé de son efficace ministre).

Le Premier Consul comprend que son pouvoir personnel et la stabilité du régime ne seront assurés que par la paix avec les Anglais et la réconciliation religieuse... Ce sera chose faite quinze mois plus tard. Et un petit délai supplémentaire permettra à Bonaparte de devenir consul à vie puis de prendre le titre de Napoléon 1er, empereur des Français... pour le meilleur et pour le pire.....

Le carrosse de Bonaparte sort du palais des Tuileries, remonte la rue Saint-Nicaise et s'apprête à emprunter la rue Saint-Honoré. À l'intérieur, le Premier consul sommeille. Il tombe de fatigue, mais il a promis à Joséphine de se rendre à l'opéra le soir du 24 décembre 1800. Ce que femme veut... Dans son demi-sommeil, il fait un cauchemar quand une formidable explosion le tire de sa léthargie. Berthier, Lannes et Lauriston qui l'accompagnent se regardent, effarés. Des projectiles tombant du ciel heurtent le carrosse. Des hurlements, des hennissements. "Nous sommes minés !" s'écrie Bonaparte, qui fait signe à son cocher César de fouetter les chevaux pour s'éloigner au plus vite. Pas une seconde le futur vainqueur d'Austerlitz ne se préoccupe du sort des femmes - Joséphine, Hortense et sa soeur - qui suivent dans un deuxième carrosse.

Bonaparte vient d'échapper à un attentat à la voiture piégée. Peut-être le premier de l'histoire. Derrière lui, il laisse sur le pavé parisien vingt-deux morts et une centaine de blessés. Parmi les victimes, une fillette, complètement déchiquetée, prénommée Marianne. L'un des conjurés lui avait donné quelques piécettes pour tenir par la bride le cheval attelé à la charrette piégée.

Complots

L'attentat de la rue Saint-Nicaise n'est pas le premier à menacer la vie de Bonaparte. Plusieurs complots ont déjà été déjoués. Les Jacobins veulent sa peau. Les royalistes veulent ses... os. Mais, sitôt après l'attentat, son premier réflexe est d'accuser les Jacobins de l'avoir fomenté. Et peu lui chaut si son ministre de la Police Fouché a la conviction de la culpabilité des chouans. Le Premier consul n'en démord pas : il fait immédiatement condamner et expulser de France ses opposants de gauche. C'est qu'il est malin, le petit Corse, il veut se servir de cette tentative de meurtre contre lui pour éliminer son opposition politique. "Envoyons Mélenchon en terre Adélie, cela le calmera !" lance-t-il à Fouché.

Ce dernier a pourtant entièrement raison, ceux qui ont failli avoir la peau de Napoléon sont bel et bien des chouans. Pas Georges Cadoudal comme beaucoup le croient. Mais deux Bretons nommés Édouard de La Haye-Saint-Hilaire et André Joyaux d'Assas. Pour la réalisation pratique, ils font appel à trois hommes de main : François-Joseph Carbon, un chouan de 44 ans qui a longtemps combattu en Vendée, Pierre Picot de Limoëlan et le comte de Saint-Réjeant. Après avoir longuement réfléchi, les trois hommes optent pour une machine infernale explosant au passage du carrosse de Bonaparte. Ils demandent conseil à Ben Laden qui leur donne l'idée d'installer un tonneau de poudre sur une charrette. C'est ce qu'il y a de plus pratique. Carbon s'empresse d'acheter une carriole et un cheval à un négociant en grains parisien nommé Lambel à qui il explique vouloir transporter du sucre brun jusqu'à Laval. Le véhicule est entreposé dans une remise au 19, rue de Paradis où les trois hommes ont loué un logement. Ils prennent cinq jours pour fixer sur la charrette un grand tonneau à vin qu'ils cerclent de dix bandes en fer.

Symbole

La décision est prise de placer leur engin sur le chemin emprunté par Bonaparte entre les Tuileries et l'Opéra. Saint-Réjeant est envoyé en éclaireur pour choisir le meilleur emplacement possible. Il se décide pour l'extrémité de la rue Saint-Nicaise (aujourd'hui disparue), juste avant le croisement avec la rue Saint-Honoré, pas très loin du Théâtre français. L'endroit est symbolique, car c'est là que Bonaparte a fait tirer au canon sur les royalistes, le 13 vendémiaire de l'an IV. Les terroristes décident de passer à l'action le 24 décembre 1800, jour de la première à l'Opéra de l'oratorio de Joseph Haydn Die Schöpfung. Bonaparte s'y rendra sûrement. Carbon et Limoëlan conduisent d'abord la charrette dans un immeuble abandonné au nord de Paris où ils ont fait déposer la poudre qu'ils déposent dans le tonneau (certains témoignages parlent de deux tonneaux). Une bâche cache le chargement à la vue des passants. Du fumier, du foin, de la paille, des moellons ramassés en chemin et divers autres objets sont encore entassés sur le véhicule.

Fouette cocher, Carbon et Limoëlan partent rejoindre l'endroit choisi pour l'attentat. Limoëlan quitte son camarade pour se planquer à l'angle de la place du Carrousel et de la rue Saint-Nicaise, d'où il peut à la fois surveiller la sortie du consul du palais des Tuileries et faire signe à ses complices d'allumer la mèche. Saint-Réjeant, également présent, fait signe à une fillette d'approcher de la charrette stationnée. Il lui donne généreusement douze sous pour tenir la jument quelques minutes. Elle s'appelle Marianne Peusol, elle a quatorze ans et est la fille d'une marchande des quatre-saisons installée rue du Bac. Le chouan la sacrifie sans aucun état d'âme. Son stage en Afghanistan lui a appris à ne pas s'inquiéter des dommages collatéraux.

Une escorte de la Garde consulaire précède son carrosse, qu'il partage avec Berthier, Lannes et Lauriston. Les femmes le suivent dans un deuxième carrosse. Le cocher de Bonaparte tourne à gauche dans la rue Saint-Nicaise, Limoëlan, complètement stressé, oublie d'adresser le signal convenu à Saint-Réjeant. Ce dernier allume en catastrophe la mèche quand il voit se pointer le chef des grenadiers de la Garde consulaire, avant de s'enfuir en abandonnant la fillette à son sort. Le temps que la mèche se consume, les deux carrosses sont déjà passés. L'explosion les laisse intacts. Seule Hortense a été blessée superficiellement à la main par un éclat de vitre. L'explosion tue vingt-deux innocents, en blesse une centaine d'autres et détruit quarante-six maisons. C'est énorme. Autre chose qu'une "nuit bleue". Pour autant, le Premier consul ne renonce pas à sa soirée. Il rejoint sa loge sans montrer la moindre émotion. Quand Joséphine entre dans la loge, il lui lance : "Ces coquins ont voulu me faire sauter. Faites-moi apporter un imprimé de l'oratorio de Haydn !" C'est tout ! La nouvelle de l'attentat finit par se répandre dans la salle, et la représentation est interrompue par une énorme acclamation. Bonaparte salue l'assistance avant de donner l'ordre de regagner les Tuileries. Les télés et les radios sont aux trousses de son carrosse. Benoît Duquesne tend son micro. Bonaparte refuse de parler.

"Ce sont les Jacobins !"

Une fois aux Tuileries, le Premier consul laisse libre cours à sa fureur : "Ce sont les Jacobins qui ont voulu m'assassiner ! Il n'y a là-dedans ni nobles, ni prêtre, ni chouans ! Je sais à quoi m'en tenir, et l'on ne me fera pas prendre le change. Ce sont des septembriseurs, des scélérats couverts de boue qui sont en révolte ouverte, en conspiration permanente..." Il est hors de lui. Fouché se tient à carreau, l'orage gronde au-dessus de sa tête en tant que ministre de la Police. Bonaparte l'interpelle rudement : "Eh bien ! Direz-vous encore que ce sont les royalistes ?" Fouché ne se démonte pas : "Sans doute, je le dirai, et qui plus est, je le prouverai !" Mais cela n'arrange pas les affaires du consul qui veut profiter de cet attentat pour éliminer les derniers Jacobins... En attendant que son ministre de la Police lui livre les véritables auteurs de l'attentat, Bonaparte fait arrêter 130 "anarchistes" qu'il fait condamner à la déportation aux îles Seychelles, à Cayenne et sur la côte africaine.

Pendant ce temps, le ministre de la Police mène une enquête exemplaire. Il fait reconstituer la charrette, et même le cheval par un vétérinaire de la préfecture. Le portrait-robot de la jument est affiché sur tous les murs de la capitale : "Sous-poil bai, la crinière usée, la queue en balai, nez de renard, flancs et fesses lavés, marquée en tête, ayant des traces blanches sur le dos des deux côtes, rubican fortement sous la crinière du côté droit, hors d'âge et de la taille d'un mètre cinquante centimètres, grasse et en bon état, sans aucune marque sur les cuisses ni à l'encolure qui puisse indiquer qu'elle appartient à quelque dépôt." Le 27 décembre, le marchand de grains Lambel reconnaît sa bête et se rend à la police pour donner la description de Carbon. Celle-ci permet de l'identifier et de l'arrêter le 18 janvier 1801 chez une ancienne supérieure de couvent où il se planquait. Le 27 janvier, c'est au tour de Saint-Réjeant d'être mis sous les verrous. Limoëlan et les deux commanditaires s'échappent. Simultanément, grâce à la promesse de récompenses, Fouché apprend que plus de quatre-vingts chefs chouans étaient arrivés clandestinement à Paris le jour et le lendemain de l'explosion. Tous attendaient un grand événement pour lancer un soulèvement. Raté.

Le 20 avril 1801, Carbon et Saint-Réjeant, vêtus de la chemise rouge des parricides, sont guillotinés devant une foule nombreuse. Avant de mourir, le premier déclare : "Mes bonnes gens, c'est pour le roi !" Devant l'échafaud, Bernard de La Villardière attend que la coiffeuse finisse d'arranger sa célèbre mèche pour reprendre le cours de son reportage. La caméra tourne : "Pour Enquête exclusive, nous avons enquêté sur la vie sexuelle de François-Joseph Carbon..."