TRES GRANDE et UNIQUE STATUE ROYALE D'ANCETRE BAOULE (ASSIE OSU) de COTE D'IVOIRE 18/19ème. 88 cm.

Ancienne collection Maurice Delafosse. Evaluation 60 000 euros ou 2kg de poudre d'or, avec certificat d'authenticité et facture.

Ernest François Maurice Delafosse naît le 20 décembre 1870 à Sancergues dans le Cher, dans une famille catholique. Après une scolarité secondaire brillante, il entreprend d'abord des études de médecine à Paris. Très vite intéressé par les questions coloniales, il s'inscrit en 1890 à l'École spéciale des langues orientales et suit des cours d'arabe.

Un an plus tard, il interrompt ses études pour rejoindre en Algérie l'Institut des Frères armés du Sahara, organisme fondé par le cardinal Charles Lavigerie pour notamment combattre la traite des Noirs dans le Sahara. Il n'y reste que quelques mois, revient à Paris pour terminer son diplôme aux Langues'O.

En 1894, il entame sa carrière dans l'administration coloniale comme commis des Affaires indigènes de 3e classe en Côte d'Ivoire, il y restera jusqu'en 1897, date à laquelle il part pour le Liberia voisin comme consul de France. En 1899, il revient en Côte d'Ivoire, où il est chargé de la délimitation de la frontière entre ce pays et le Ghana, alors colonie britannique. Pendant cette époque, il rencontre une jeune Ivoirienne avec laquelle il a deux garçons, qu'il reconnut.

 

 

Description détaillée:
Ancienne pièce de la fin du 18ème, début 19ème. Pièce Exceptionnelle de Musée. En parfait état. Bois 88 cm de haut sur 20cm de large et de profondeur pour un poids de 10 Kg, superbe patine brune et brillante. L'Oeuf est le symbole de la fertilité et également symbole Royal. Le Roi est assis normalement à côté de sa Reine, portant les attributs royaux, avec le pagne en coton rèche, les scarifications, la coiffure très élaborée, assis sur le trône (petit tabouret). Pour l'Oeuf, l'adage est le suivant: «Etre roi, c'est comme tenir un oeuf dans sa main: si on tient un oeuf trop fermement dans sa main, on l'écrase; si on ne le tient pas assez fermement, il tombe au sol et se casse.» C'est une manière d'exprimer la position du monarque par rapport au pouvoir qu'il exerce sur son peuple.

Les Baoulé estimés à un million au début du siècle, font partie du groupe akan de la Côte-d'Ivoire. Ils occupent une partie de l'est de la Côte-d'Ivoire à la fois forêt et savane. Les Akan créèrent une série de royaumes et de cités-Etats qui occupèrent progressivement toute la région forestière jusqu'au golfe de Guinée. Au cours du XVIIIe siècle, la reine Abla Pokou dut conduire son peuple vers l'Ouest, jusqu'aux rives de la Comoé chez les Sénoufo. Pour franchir le fleuve, elle sacrifia son propre fils. Ce sacrifice fut l'origine du nom de Baoulé, car baouli signifie "l'enfant est mort" (J. N. Loucou, 1984). Le régime étant de type matrilinéaire, à la mort de la reine, sa nièce lui succéda et dirigea le royaume de Sakassou qui réunissait les tribus qui l'avaient suivie dans son exode.  L'autorité était basée sur le roi, puis venaient les clans, les Akposone (groupe de villages), le village et, enfin, la famille (auro), chaque groupe ayant un chef.

Toutefois, le système politique étant décentralisé, les relations avec Sakassou se limitaient au paiement du tribut, aux jugements en appel et aux questions religieuses. L'autorité effective de la reine ne s'étendait pas au-delà du village où elle résidait et son rôle ne répondait qu'à une fonction de prestige. Les pouvoirs régionaux étaient confiés à des membres du clan royal warebo.

Dans cette sociéte fortement hiérarchisée, le roi est un personnage très important. Il est l'incarnation vivante du peuple. Il est l'intermédiaire entre les vivants et les puissances surnaturelles. Le roi est habité d'une force que les Agni appellent étimu qui lui confère des pouvoirs à la fois bénéfique et dangereux. Le roi est le garant de la prospérité générale du royaume. L'accident ou le malheur qui lui arrive rejaillit sur toute la population qui est affectée au même degré. Le roi doit être corporellement intègre. Il ne doit avoir aucune cicatrice. En pays agni, l'adjabia ne peut échoir à un infirme. Traditionnellement, tous les sept ans, à l'occasion de la grande fête des ignames, le roi subit un examen minutieux pour vérifier s'il ne portait pas en quelques parties du corps, des traces de coups ou des cicatrices, auquel cas il fallait procéder à des sacrifices réparateurs. Le sang qui coule dans les veines du roi est le sang de son peuple entier ; il ne doit avoir en main aucun instrument tranchant et sa toilette est l'objet de soins minutieux, qui incombent à plusieurs serviteurs, aux activités définies. L'identification du roi au peuple a d'autres effets : si le roi cesse de manger, c'est la famine générale dans le pays. La captivité du roi signifie l'asservissement du peuple entier. S'il est pris par l'ennemi, la guerre est finie. Pendant la guerre, le roi est soigneusement tenu à l'écart des combats. Il reste à l'abri, entouré et protégé par les gens de l'arrière kyidom.

Le roi doit être préservé de tout contact avec la mort. S'il perd une de ses épouses, il désigne quelqu'un parmi ses proches qui, pendant l'enterrement et les funérailles, depuis le rasage de tête jusqu'au bain de purification, tiendra le rôle de veuf à sa place, recevant les condoléances en son nom. C'est son kakifouè (remplaçant), qui lui-même ne modifie en rien ses habitudes quotidiennes ; il ne jeûne pas.

La royauté est symbolisée par trois objets matériels : le tabouret, le sabre et le dja.

1. Le tabouret ou bia ou adjabia symbolise le pouvoir temporel, spirituel et politique du roi. Tout pouvoir politique légitime reconnu est matérialisé par l'existence des bia dont le nombre équivaut à celui des rois ayant eu un règne prospère.

Il existe deux catégories de bia : la première concerne les bia ou tabourets d'origine, emportés de la Côte d'Ivoire, au cours de l'exode (ils ont été transmis de façon héréditaire) et la deuxième catégorie correspond aux bia inclinés ou dédiés à un chef défunt, qui a connu un règne exceptionnel ou un sujet du roi, qui lui a rendu un très grand service.

Les bia ont un gardien qui assure leur sécurité et qui est généralement chargé d'effectuer toutes les cérémonies qui leur sont consacrées. Les Akan disent : « Là où il n'y a pas de tabouret, il n'y pas de roi ; le roi est mortel, le tabouret est permanent ».

2. Le sabre royal êhôtô est le symbole du pouvoir militaire du roi, chef supreme des armées. Il symbolise la paix lorsque la lame est émoussée. Il est souvent accompagné de la machette alèlè dont le détenteur est le descendant de celui qui, pendant la migration, a ouvert la route dans la forêt devant le roi et son peuple.

Dans la hiérarchie politique, son lignage vient immédiatement au-dessous du roi, et lors des cérémonies, il ouvre la marche en tête du cortège royal. C'est également avec le sabre que les peuples soumis et les chefs de province prêtent serment de fidélité et d'allégeance. Le sabre reste également le symbole du messager du roi.

3. Le dja ou la collection des poids à peser l'or, communs à tous les Akan, symbolise le monde, les états de conscience des rois défunts et le pouvoir économique du souverain régnant. Ils ne sont que des instruments de mesure de la poudre d'or et ne changent jamais de mains, mais restent à leur propriétaire. C'est dans le dja que les Akan ont consigné la somme de leurs connaissances par image et par écrits.

Un autre attribut important du pouvoir royal est le kinyankpli, le « grand tambour », qui ne se fait entendre qu'en de rares occasions: pour annoncer le décès du roi ou d'un membre (homme et femme) de son lignage, pendant les funérailles royales, les cérémonies d'intronisation, la fête des ignames.

à côté, existent d'autres accessoires tels que le hamac d'osier tressé mongay dans lequel le roi, porté à demi étendu, lors de la fête des ignames, est un symbole de sa situation d'intermédiaire entre le commun des hommes et les puissances surnaturelles ; les cannes et les chasse-mouches dont les plus anciens sont des queues d'éléphant. Ces chasse-mouches sont destinés à éloigner les mauvais esprits. De nos jours, on trouve des chasse-mouches en queue de cheval.

Ils exploitèrent les régions aurifères et développèrent une nouvelle civilisation, synthèse des Akan et des autochtones conquis. Au début du XIXe siècle, la ruée vers l'or et les luttes intestines provoquèrent un dépérissement de l'Etat, accéléré par l'occupation coloniale (J. N. Loucou, 1984.)

Au début du XXe siècle, les administrateurs A. Nebout puis M. Delafosse quelques années plus tard, jugèrent les Baoulé dans un " état de parfaite anarchie tempérée par les traditions, les coutumes et le bon sens ". La société baoulé se caractérisait, selon M. Delafosse, par un individualisme extrême, une grande tolérance, une aversion profonde pour les structures politiques rigides, l'absence de classes d'âge, d'initiation, de circoncision, de prêtres, de sociétés secrètes ou d'associations avec grades. Chaque village était indépendant des autres et décidait pour lui-même sous la présidence du conseil des anciens. Chacun participait aux palabres, y compris les esclaves. C'était une société égalitaire.

L'organisation sociale est fondée sur la famille élargie qui forme un auto. S'il y a plusieurs familles dans le même village, on choisit l'homme le plus riche, le plus éloquent ou le plus rusé pour régler les affaires d'intérêt commun avec le conseil des notables. Il n'y a pas de distinction entre la parenté paternelle ou maternelle, ni de mariage préférentiel, à l'exception de quelques interdictions, par exemple le mariage avec un membre d'un autre aulo est prohibé pour quatre générations s'il existe déjà une union entre ces deux aulo. L'unité politique est le village mais le chef n'a pas le pouvoir d'imposer une décision impopulaire, ni de moyen de coercition. A l'arrivée des Français, des femmes occupaient souvent la fonction de chef de village. M. Delafosse remarque justement que la langue des Baoulé ne comportait pas de mot pour " chef" au sens ordinaire, sinon comme chef de famille.

De nombreuses légendes ont été recueillies sur la création du monde, le déluge, le changement de lit du fleuve Bandama, le passage de la Gomoé et la conquête du pays baoulé. L'animal-héros est une araignée mâle, avare, rusée et méchante, mais qui finit par être punie.

Les Baoulé croient en un dieu créateur Nyamien, intangible et inaccessible. Le dieu de la terre Asie contrôle les hommes et les animaux. Les esprits ou Amuen sont dotés de pouvoirs surnaturels. Le monde réel est l'opposé du monde spirituel blolo d'où viennent les âmes à la naissance et où elles retourneront à leur mort. La religion est fondée sur l'idée de la mort et de l'immortalité de l'âme. Les ancêtres font l'objet d'un culte mais ne sont pas représentés. Autrefois, une mort n'était jamais considérée comme naturelle : aussi était-il nécessaire de démasquer le responsable. Au cours du rituel, deux hommes portaient le cadavre sur leur tête : guidés par les esprits, les pieds du mort venaient heurter le coupable qui subissait alors l'épreuve du poison. Le double du défunt devant vivre une autre vie, on lui sacrifiait des femmes et des esclaves s'il était un notable. L'héritier était le frère ou la sœur né de la même mère que le défunt, car on n'est " jamais sûr d'être le fils de son père ".

Les rituels évoluent : la création d'un nouveau culte peut être décidée à la suite d'un rêve ou d'une crise de possession pendant lesquels l'esprit se révèle et explique à " l'élu " le rituel, les règles et les objets qu'il lui faut acquérir ou fabriquer, en spécifiant la coiffure, l'âge, la posture et les scarifications s'il s'agit d'une statuette. (S. Vogel, 1981.)

Les sculptures en bois et les masques permettent un contact plus étroit avec le monde surnaturel. Les figures baoulé répondent à deux types de dévotion : les unes figurent l'époux " spirituel " qui, pour être apaisé, exige la création d'un autel dans la case personnelle de l'individu. Un homme possédera son épouse blolo bian et une femme son époux blolo bla qu'ils emporteront dans tous leurs déplacements. Les autres figures sont sculptées pour abriter les esprits naturels (Asie usu).

On note, chez les Baoulé, une grande mobilité des personnes et des œuvres d'art et leurs déplacements sont l'occasion de commanditer des sculptures ou d'importer un nouveau type de danse qu'un membre du village a pu voir lors d'un voyage. Les artistes peuvent avoir appris dans un certain atelier et exécuter des œuvres de style différent. Ils voyagent et travaillent pour des clients qui sont parfois venus de loin.

Les masques correspondent à trois types de danses : le gha gba, le bonu amuen et le goh. Ils ne représentent jamais des ancêtres et sont toujours portés par des hommes.

D'origine gouro, le gba gba est employé aux funérailles de femmes pendant la saison des récoltes. Il célèbre la beauté et l'âge, d'où la finesse de ses traits. Le masque double représente le mariage du soleil et de la lune ou des jumeaux dont la naissance est toujours un bon signe.

Le bonu amuen protège le village de menaces extérieures, il oblige les femmes à une certaine discipline et apparaît aux commémorations des morts des notables. Les esprits de la brousse ont leurs propres sanctuaires où ils reçoivent des sacrifices. Lorsqu'ils interviennent dans la vie communautaire, ils prennent la forme d'un heaume en bois représentant un buffle ou une antilope et sont portés avec des costumes en raphia, des bracelets de chevilles en métal ; le museau comporte des dents qui incarnent la force de l'animal féroce qui doit les défendre.

Le goli de forme ronde, " lunaire ", très caractéristique, est surmonté de deux cornes. Il a été emprunté aux Wan pour une fête adoptée par les Baoulé après 1900. Célébrant la paix et la joie, on y chantait, dansait et buvait du vin de palme. Dans la procession, le goli précédait les quatre groupes de danseurs et représentait les jeunes adolescents. Le goli " sortait " à l'occasion de la nouvelle récolte, de la visite de dignitaires ou des funérailles de notables.

Non héréditaire, le métier de sculpteur résulte d'un choix personnel ou d'un désir qui se manifeste lors d'un rêve ou d'une crise de possession. Certains types d'objets standardisés ne répondent plus à des exigences rituelles spécifiques, les gongs ou les poulies, par exemple, sont fabriqués et emmagasinés.

La statuaire baoulé se caractérise par un certain réalisme ; on y retrouve les canons de la beauté telle qu'ils la conçoivent : des mollets ronds pour les femmes, des mains longues aux doigts effilés, de petites fesses. La coiffure harmonieuse est faite de nombreuses nattes finement tressées. La barbe est soignée et quelquefois nattée. La patine est lisse. Les Baoulé ont aussi créé des figures de singe plus ou moins ressemblants. Doté d'une mâchoire prognathe aux dents aiguës, une patine granuleuse due aux sacrifices, le singe tient dans ses pattes une coupe ou un pilon. Les sources divergent sur son rôle et sa fonction : tantôt il interviendrait dans le rituel de divination, tantôt il serait une protection contre les sorciers dans des associations masculines, tantôt une divinité protectrice des rites agraires, parfois génie de la brousse. Ce culte ne serait pas antérieur à la conquête de Samory, donc relativement récent.

La statuaire baoulé est quantitativement très importante, mais les grands chefs-d'œuvre sont rares.

LES BAOULES



Leur Milieu:
Les Baoulé sont environ 500 000.
C'est une des principales ethnies de la Côte d'Ivoire. lis en occupent la partie centrale, zone de savane qui pénètre un coin de la forêt. Cette région est comprise entre les fleuves Nzi, Comoé et Bandama. Les Baoulé sont issus du peuple Akan qui forme un ensemble culturel et linguistique qui regroupe les Ashanti au Ghana, les Agni et les Abron à l'est de la Côte d'Ivoire.

Leur Histoire:
Les Akan auraient quitté vers la fin du XVIIe siècle leur territoire du Nord du Ghana pour gagner les forêts du Sud à la recherche de mines d'or. De nombreuses guerres intestines éclatèrent, provoquées par l'appât de l'or, symbole sacré du pouvoir Akan (tabouret en or : Sikadwa).
Le noyau Ashanti le plus vigoureux resta sur place, tandis que les fractions les plus faibles, expulsées, furent obligées de fuir et de rechercher de nouvelles terres.
Au milieu du XVe siècle, un groupe, les Abron, se dirigea vers le Nord dans la région de Bondoukou.
L'origine de l'exode Baoulé a lieu plus tard, pendant les guerres qui suivirent la mort d'Oseï Toutou, fondateur du royaume Ashanti. A sa mort, entre 1720 et 1730, ses neveux Dakon et Opokou Ware se disputèrent sa succession. Dakon fut tué. Sa soeur (Abia Pokou) rassembla ses partisans et s'enfuit avec eux en moyenne Côte d'Ivoire. Ils franchirent la rivière Comoé et s'établirent dans les plaines proches du Bandama.
Une légende raconte que, poussés par un groupe d'Ashanti qui les poursuivait, ils furent arrêtés par le passage du Comoé. La reine, pressée par le magicien du clan, jeta à l'eau cri sacrifice son fils unique. Aussitôt, un grand fromager situé de l'autre côté de la rive se courba jusqu'à eux pour servir de pont auxfugitifs. Alors la reine, bouleversée par son sacrifice, se retourna vers le fleuve et cria : « Baouli », c'est à dire : « l'enfant est mort ». Ce serait l'origine du nom de Baoulé.
Ayant trouvé des mines d'or, la reine résolut de se fixer dans le bassin du Bandama. Elle refoula les Sénoufo vers le nord et rejeta une partie des Gouro sur la rive droite du Bandama.
Abia Pokou mourut vers 1760. Elle fut enterrée à Warébo (Sakasso), sa capitale (située au Sud Ouest de Bouaké). Sa nièce, Akwa Boni, lui succéda et acheva la conquête pacifiste du côté Ouest en annexant les pays aurifères du Yaouré sur le rive droite du Bandama Blanc.
Les Baoulé, tout en conservant l'héritage Ashanti, qu'ils ont su faire fructifier (particulièrement le travail de l'or et du cuivre avec la technique de la cire perdue, et le tissage) développèrent, sous l'influence des Gouro, la sculpture sur bois. Cette fusion de plusieurs cultures fut une des raisons de la richesse particulière de la production artistique baoulé.
Au XIXe siècle, plusieurs chefs Baoulé s'allièrent avec les Fanti, formant un maillon dans le commerce des esclaves et de l'or. L'alliance avec Samori (1891) entraîna l'intervention française entre 1900 et 1910. Après une lutte courageuse, le peuple Baoulé comprit que toute révolte armée était condamnée à l'échec, étant donné la puissance des armes de ses adversaires, et se résigna au système colonial.

Leur Vie Economique:
L'agriculture est la base de la société baoulé.
Le Baoulé n'est pas éleveur. Le bétail est confié aux bouviers Peul. Les Baoulé, par contre, accordent beaucoup de soin à l'élevage des volailles.

Leur Vie Sociale:
Issus de l'État Akan, fortement hiérarchisés, les Baoulé ont cherché à imposer aux autochtones les modèles d'organisation de leur société d'origine. L'autorité était basée sur le roi, puis venaient les clans, les Akposone (groupe de villages), le village et, enfin, la famille (auro), chaque groupe ayant un chef.
Avec les luttes intestines de la période pré coloniale, l'autorité se dégrada, Depuis l'indépendance, l'ancienne structure politique traditionnelle est remplacée par une structure administrative nationale qui s'appuie néanmoins encore sur l'autorité des chefs traditionnels.

Leur Vie Religieuse:
Les croyances des autochtones se superposèrent à celles des Akan. Seuls, les grands cultes baoulé résistaient à cette assimilation : le culte de Niamié (dieu du ciel), le culte d'Assié (la terre non défrichée), les autres croyances étant partagées par les autochtones. On connaît de nombreuses divinités secondaires auxquelles on érige des autels au bord des fleuves, au pied des collines.
Les génies les plus représentés sont Gherké, le génie singe, et Goli, génie à tête de taureau (ces deux génies seraient les fils de Niamé). Il faut citer aussi les société secrètes du Do.

Leur Vie Culturelle:
Chaque année, de grandes festivités, appelées Adaé, ouvrent la période de la récolte des ignames.
Ayant hérité des traditions akan, les Baoulé (comme les Agni et les Abron de l'Est) accordent une grande importance aux cérémonies funéraires.
La littérature orale baoulé est très riche, proche de la création dramatique (conte mimé), de la musique (chant épique) et de la poésie populaire (fables d'animaux, énigmes et devinettes).

Leur Vie Artisanale:
L'artisan  créateur est une personnalité très estimée dans la société très hiérarchisée baoulé. Le sculpteur sur bois est consulté dans toutes les affaires importantes, ainsi que le forgeron. Il n'y a pas de système de caste. Celui qui manifeste une vocation particulière peut devenir artisan.
La technique de la sculpture et de l'orfèvrerie s'acquière pendant l'apprentissage effectué chez un artisan  professionnel que le père du jeune homme rétribue en conséquence.

Habillement
L'homme porte un pagne classique rectangulaire, formé de quatorze bandes de toile de coton, cousues ensemble. (Chaque bande de 10 cm de large et de deux mètres de longueur.)
Le pagne (yassaoua kondrou) est drapé sur une épaule à la façon de la toge romaine. Le coin est porté dans la main ou fixé sur la nuque par un noeud. Le vêtement de dessous est un caleçon (alâ kouné).
La femme porte le bangla ou taésou, vêtement d'une pièce enveloppant les reins (un mètre sur deux).
Pour sortir en ville, ce pagne est fixé au dessous des épaules pour cacher les seins. Il enveloppe le corps en deux tours en commençant sous l'aisselle droite. Aujourd'hui, on porte plus largement le komplé, qui comprend un corsage avec ou sans manches et un grand pagne (tanbo), pièce rectangulaire enveloppant la partie inférieure du corps, drapé autour des reins à l'aide d'une cordelette. Ce pagne descend jusqu'aux chevilles.
Avant l'introduction du tissage, les vêtements baoulé étaient faits d'écorce battue. Cette technique est encore pratiquée chez les Baoulé des villages des savanes du Centre. De larges bandes sont enlevées de certaines espèces d'arbre (le ficus) et battues ensuite à l'aide de battoirs en bois. Ces tissus servent maintenant de tapis de couchage.
Dans la région de Niéméné, on trouve encore des écorces battues dans tous les marchés, et quelques artisans travaillent encore, mais très irrégulièrement.

Parure
La possession des trésors en or était le privilège des grands chefs Baoulé, transmis jusqu'à nos jours par voie d'héritage. Ils avaient coutume, au cours des grandes fêtes, de porter des bijoux en or massif, très somptueux : lourdes chaînes supportant des pendentifs (nfloû bâ tri) et des pectoraux en forme de symboles variés.
Les colliers en perles anciennes ne sont portés de nos jours qu'aux grandes occasions, par les familles nobles.
Les non nobles portent aussi de belles parures anciennes, des bagues et des pendentifs, en or filigrané, des bracelets  en ivoire d'éléphant.
Le chasse mouches n'est pas seulement un accessoire fonctionnel. Il est réservé aux dignitaires de haut rang social. Le manche en bois est très décoré et souvent ces parties sculptées sont recouvertes d'une mince feuille d'or. Il en est de même pour les cannes sculptées, symboles du pouvoir, dont les motifs décoratifs ont un sens allégorique précis.
A l'âge de deux ans, la fillette reçoit un collier en verroterie (baâma) qu'elle portera autour des reins. Ces colliers vont en augmentant avec l'âge et le nombre de soupirants de la jeune fille.
La femme Baoulé porte un collier de perles bleues minuscules, en verre ancien, appelé ndioulâba ou simplement âfié. Ce collier peut être aussi en or composé de différents éléments décoratifs assemblés par un cordon.
L'anneau de cheville en cuivre est tombé en désuétude (ces anneaux remplissaient davantage la fonction de monnaie d'échange plutôt que celle de parure).
On porte l'ohidya âfta, jarretières en petites perles rouges ou bleues qui se placent aux deux jarrets ou aux chevilles (de deux à cinq).
Les boucles d'oreilles (âsano mandé) sont en or, fabriquées par le procédé de la cire perdue, en forme de fleurs, de grains.
Les amulettes sont de nature magique d'origine maraboutique. La substance magique donnée par le féticheur (amoué fomé) est portée dans un sachet de toile, cousu dans les plis du vêtement ou attaché avec un lacet en fil de coton.

Coiffure des femmes. 
Très variée de formes; par exemple, cheveu.\ en touffes et fausses tresses ligaturées. La chevelure est divisée en carrés de dix huit à trente deux. Dans chacun d'eux, on ramène le, cheveux et on les ligature avec un fil noir pour réaliser une tresse. Toutes les tresses ainsi formées sont réunies par leur extrémité su,les tempes et sur la nuque (le nombre de tresses est au moins de trente).

Tissage
Le tissage baoulé est très riche.
Tiébissou, à 68 km de Bouaké, est le centre le plus important du tissage baoulé.
Dans la fabrication des bandes tissées des pagnes. les réserves d'indigo en chaîne forment des motifs géométriques irréguliers. On distingue plus de vingt dessins traditionnels avant chacun un nom particulier. Les plus appréciés sont : Dangô, Bia, Soplin, Tâmbé. Tous ces motifs servent à la réalisation des pagnes d'hommes. Les Yaswa Kondrô, très beaux pagnes de cérémonie avec des symboles brodés de fils de coton de couleur (rouge et vert), se trouvent a Yamoussoukro,
La teinture des fils (généralement en indigo) se fait avec le procédé de réserve. L'approvisionnement en fil de coton est encore local. Les femmes des villages continuent à égrener, à carder et à filer le coton récolté dans leurs champs (les bobines  de fil écru sont achetées de 10 à 20 francs le fuseau). Mais, de plus en plus, la filature industrielle des environs de Bouaké fournit le coton teint à tous les tisserands de la Côte d'Ivoire. Les tisserands baoulé, tous cultivateurs, travaillent surtout à leur métier, le mercredi et le vendredi. et le dimanche, jours interdits à la culture et consacrés aux cultes de la terre, Les autres jours, c'est juste en rentrant des champs. vers 17 heures, qu'on peut voir des tisserands travailler dans tous les villages entre Toumodi et Dimbokro, et ceux autour de Tiébissou. Les Baoulé réalisent aussi des tissus en fibres de raphia, teints par réserve (inspirés sans doute des étoffes des Ashanti, teintes au pochoir). Les motifs découpés d'après des patrons sont imprimés au moyen d'une pâte résineuse ou de cire. Le tissu est ensuite trempé dans un bain de teinture.
Les Baoulé savent teindre les pièces de tissus en indigo pur mais, dans certaines régions, ils ont laissé à certains immigrés Mandé ou Voltaïques le soin de développer cet artisanat.
A Bouaké, on utilise la technique plus compliquée du batik (réserve à la cire). Certaines parties de l'étoffe sont ligaturées, et le procédé donne une grande variété de motifs. Deux teintures traditionnelles sont encore utilisées : l'indigo (macération de feuilles pilées et séchées, mélangées à une solution de potasse) et le kola (macération de noix de kola, pilées). Chaque bain dure de 20 à 30 minutes. Pour obtenir des tons plus foncés, on augmente le nombre de bains. On pratique encore dans le village de Satiari la technique de l'écorce de ficus, battue avec un bâton; elle sert de tapis de couchage.

Vannerie
Fabrication de nattes, cloisons et clôtures en feuilles de cocotier séchées au soleil, ou en nervures de palme.
Tamis, corbeilles en lianes pour le transport de la kola, vans très allongés à deux anses rectangulaires, paniers avec dessins, éventails pour attiser le feu, qu'on trouve au marché de Bouaké.
Les poulaillers baoulé ressemblent à des cages avec une partie supérieure à claire voie, et une porte en store. Dans les régions du Sud Baoulé, certains sont en copeaux de ronciers et ont la forme même de la volaille, avec tête et queue, et une ouverture au sommet. On ne peut donc y mettre qu'une seule bête. Greniers en vannerie, destinés au café et au cacao, de un à deux mètres de haut, dans toutes les régions de Sakassou.

Travail du cuir
Le travail du cuir, en pays baoulé, est la spécialité d'artisans nigériens ou maliens (Haoussa et Dioula).
Les Djeli, caste des cordonniers, sont d'origine mandé; leurs femmes sont potières.
Les Baoulé n'ayant pas de chevaux, il n'y a donc pas de tradition de sellerie.

Travail du métal - Cuivre, bronze, or.
Le travail de l'orfèvrerie est toujours très estimé en pays baoulé. Les Baoulé ont conservé certaines techniques ashanti, en particulier celle de la fonte des métaux à la cire perdue dont ils ont progressivement perfectionné le procédé. C'est à cette technique qu'on doit la très grande variété des poids à peser l'or.
La poudre d'or et les bijoux anciens en or (trésors hérités de génération en génération) font encore aujourd'hui l'objet d'une thésaurisation familiale. Certains échanges, malgré la monnaie actuelle, continuent à se faire avec de la poudre d'or. Chaque famille possédait un ensemble de poids (dja) comprenant le système des poids et tous les accessoires (petite balance, boîtes en cuivre aux couvercles décorés, petites cuillères en cuivre martelé, passoires).
La teneur en or pur de l'alliage réalisé pour la fabrication des bijoux varie d'une région à l'autre. La couleur elle même est très différente puisqu'elle va du jaune pur à un jaune gris ou légèrement rosé dû à une dose irrégulière de cuivre (ou d'argent) et de laiton. Tous les objets d'or fondu à la cire perdue sont des bijoux, les bijoux traditionnels des Baoulé étaient des attributs royaux et des ornements de cérémonie portés par l'entourage du roi : pendentifs portésaucou ou sur la poitrine les jours de fêtes, appliques frontales, masques pendentifs aux visages humains extrêmement variés ou masques de bélier aux cornes recourbées vers le bas (comme un croissant lunaire), pendentifs figurant un poisson, un crocodile, une tortue (symbole de fertilité et de fécondité), etc.
Les pendentifs, en forme de disques, ont la taille d'une grosse pièce de monnaie. Ils sont réunis à l'aide d'un cordonnet passé à l'intérieur d'un petit tube placé au centre du motif. On peut former ainsi des colliers mais aussi des bracelets, des chevillières.
Les fils d'or très fins s'enroulent en spirale pour former le fond sur lequel on ajoute des motifs traditionnels (trèfle, rosace, croissant de lune, spirale, étoiles, chevron, losange) qui se combinent entre eux pour composer de nouveaux dessins.
Cette gamme de motifs se retrouve sur les poids géométriques à peser l'or, et aussi sur les sièges des ancêtres recouverts d'or, d'argent ou de cuivre, sur les étoffes imprimées, les armes, et les kuduo, sorte de récipients en bronze associés aux cultes privés des familles, ornés de figures en ronde bosse, et de décorations géométriques gravées ou en relief.
Le couvercle est surmonté d'un groupe de figurines, un jeu comparable à celui des poids proverbes.
De nombreux autres récipients en cuivre martelé servent également à recevoir des préparations rituelles.
Le moule dans lequel est coulé l'or est obtenu à partir d'un modelage à la cire d'abeille, mais parfois, lorsqu'il s'agit d'un insecte, d'un lézard, d'un poisson, d'un scarabée, d'un scorpion, l'animal lui même peut servir de moule. Les plaques sont dites « porteur d'âme » parce qu'elles sont portées seulement par un membre de la famille censée être le porteur de l'âme du roi. Elles sont souvent décorées de motifs à plat ou en relief, représentant des animaux stylisés : crocodiles, poissons, oiseaux.
Les plaques rectangulaires étaient portées par les princes et les princesses de sang royal.
Beaucoup de ces bijoux anciens sont refaits pour un usage plus commercial que cérémoniel. On peut découvrir des bijoux anciens conservés dans les trésors que possèdent encore certaines familles de chef, comme le trésor baoulé de Sakassou, le trésor du roi à Bondoukou. Malheureusement, on trouve surtout des copies, les originaux ayant été vendus il y a quelques années. L'argent est peu travaillé par les Baoulé. Établis dans les villes comme Bouaké, ou dans la capitale, les bijoutiers créent pour les femmes « émancipées » des colliers, des bagues et des boucles d'oreilles d'inspiration européenne ou orientale. Certains sont de formes très modernes, réalisés toujours avec la technique de la cire perdue, mais beaucoup se limitent à la copie hâtive de bijoux anciens, pour répondre à la demande des touristes.
On trouve de très beaux bijoux en or, aux dessins très fins, dans de nombreux villages autour de Bouaké (Assabourou, Kongonou, Tiébissou) : bagues aux riches chatons (caméléon, tortue), colliers de perles en or formés de légères sphères ajourées, ou en forme de losange, rectangle, réalisés avec des petits cercles assemblés les uns aux autres, boucles d'oreilles, boîtes à amulettes en or martelé et repoussé.
La sculpture sur bois est quelquefois réalisée par des bijoutiers lorsqu'il s'agit de revêtir la pièce d'un placage en feuilles d'or, agrafées au bois (cannes de parade, chasse mouches, siège, statue, épée, sommet de parasol, couteau, etc.). Les villages de Bakro, Sakassou, Minabo, sont réputés pour ce travail délicat.
Il est possible de grouper les poids à peser l'or en deux grandes catégories :
- les poids géométriques comprenant des motifs variés du swastika (symbole de la rotation astrale), de losanges, de spirales, de croix grecques, de trapèzes, de carrés, de pyramides à gradins, de croissants lunaires, etc.
- les poids proverbes, figuration d'homme, d'animaux, de végétaux et d'objets.
On y trouve la figuration de presque tous les objets usuels de l'artisanat : couteau, hache, louche, calebasse, tabouret, corbeille, chaise  à dossier, instrument de musique, herminette, etc. C'est véritablement toute la vie baoulé en miniature que l'on peut recréer grâce à la diversité de tous ces poids. Chaque poids correspond à un dicton populaire, chaque scène animée possède une signification précise. On y trouve des sujets complets de la vie de la famille, comme une femme soignant son enfant ou un bébé sur une chaise  à dossier, ou de la vie religieuse, scène de danse, joueur d'olifant, batteur du grand tambour de communication, etc.

Signification de quelques poids proverbes

 Tambour : « La peau de l'antilope qui ne suit pas sa mère finit toujours sur le tambour. »
 Serpent en train d'avaler un crapaud : « Tout ce que possède le crapaud, même sa vie, appartient au serpent. »
 Crocodile : « Quand on est au milieu du fleuve, on n'injurie pas le crocodile. »
 Couple de poissons se mordant la queue : « De père en fils, tout recommence. »
 Caméléon : «Aller vite a ses avantages, aller doucement a également ses avantages»
 Antilope cheval aux longues cornes annelées qui rejoignent sa queue « Ah 1 si j'avais su ce qui se passait dans mon dos! Mais les regrets sont inutiles, doit on ajouter, »
 Poule « C'est par politesse qu'avant de pénétrer dans la maison je baisse la tête. »
 Tête de bélier : « Ma force est dans mes cornes. »
 Personnage allongé : « Comment veux tu voir le soleil si tu restes couché sur le ventre. »
 Vieillard barbu, couché : « On n'enterre pas les mourants, mais les morts. »

Travail du bois
Chez les sculpteurs baoulé, la statuaire est plus importante que la fabrication des masques.
Chaque famille du moindre village possède encore ses waka sona, figuration d'ancêtres, de divinités ou d'animaux emblématiques.
Le culte des ancêtres étant encore très vivace (il est la base de toutes les activités religieuses des Baoulé), les portraits d'ancêtres sont les plus représentatifs de la sculpture baoulé. Sur ces portraits d'aïeux (disparus ou personnages encore vivants), on peut découvrir toute la gamme des coiffures tressées traditionnelles, des scarifications corporelles, des attributs religieux ou coutumiers.
Les masques sont représentés soit par des grands masques heaumes à corne, inspirés d'animaux emblématiques (buffle, hippopotame, bongo, panthère, éléphant, crocodile) qui interviennent dans les cérémonies des confréries cultuelles telles que le (Io et le dié, soit des masques humains aux traits très équilibrés et très fins, aux patines remarquables, évoquant des dieux morts ou des divinités baoulé.
Le masque cérémonial, appelé kplékplé, a la forme d'un disque (symbole de force solaire) avec deux grandes cornes de buffle (animal allié du grand dieu céleste Niamié, père des créatures terrestres).
La sculpture baoulé couvre un très vaste secteur rituel et utilitaire, puisqu'on la retrouve sur les portes, les tambours, les boîtes à divination, les poulies des tisserands, les sièges, les tabourets et sur de nombreux accessoires usuels. Parmi ceux ci, citons les peignes sculptés aux formes très variées, les koué koué épingles à cheveux. Ces accessoires féminins ont souvent des dessins géométriques, ayant un sens symbolique comme une ligne brisée ou un losange lié à la fécondité (sexe féminin); les appuie têtes, tous sculptés. Dans les accessoires du ri tue] religieux, on trouve des récipients en bois sculpté aux motifs symboliques, qui servent à placer l'onguent dont on s'enduit le corps (bain purificateur) avant les cérémonies liées au culte des ancêtres, et les boîtes destinées à la pratique de la divination par les souris (gbekrebo).
Les Baoulés font de très belles poulies de métiers à tisser (mais hélas, elles deviennent de plus en plus rares et sont souvent remplacées maintenant par une boîte de conserve dans laquelle est placée une bobine de fil industriel), des sièges tabourets aux formes très belles, recouverts d'or, d'argent ou de cuivre (ou en bois simplement patiné), et étant le symbole du pouvoir à tous les niveaux (royaume, clan, lignage).
Ils font également des instruments de musique (tambours creusés dans une seule pièce de bois, souvent sculptés et peints, des harpes, des balafons, des clochettes en fer forgé, des rhombes).
Les sculpteurs se trouvent surtout dans les villages autour des centres comme Tiébissou et Bouaké.

Poterie
La poterie rituelle et funéraire baoulé est de plus en plus rare mais d'une grande valeur esthétique, on en trouve encore dans le village de Wachou, près dAsrikro, sur la route de Sakassou.
Les formes sont très belles, zoomorphes ou anthropomorphes, col à tête de femme, vase aux anses en forme de personnage courbé, motifs en relief ou gravés (lignes géométriques, chevrons, etc.) gargoulettes à deux goulots. Le couvercle de certaines poteries est orné d'oiseaux assemblés en cercle, allusion à la solidarité familiale qui se concrétise par la consommation en commun de la boisson coutumière.
Après la cuisson, on enduit les poteries d'un mélange de terre rouge de termitière et de décoction de feuilles, qui leur donne une couleur rouge foncé, brillante. Beaucoup de poteries baoulé sont en terre noire avec des paillettes brillantes de silice. Les décors sont réalisés au moyen d'épis de maïs, de tresse ou de ficelle appliqués sur l'argile non cuite (empreinte). Dans la région de Bouaké, certaines poteries sont entourées d'une résille en vannerie avec une anse pour faciliter le transport. Au marché de Sakassou (le dimanche), production des potières de toute la région.

L'épopée de la reine Pokou et du peuple baoulé s'inscrit dans le cadre du grand mouvement de populations qui affectera la région entre les fleuves Volta et Bandama aux XVIIè et XVIIIè siècles. L'histoire de l'exode d'une partie de ces populations vers la Côte d'Ivoire actuelle fait l'objet d'une merveilleuse légende, celle de la reine Pokou.

Peuple de Côte d'Ivoire, d'origine akan, établi dans le centre du pays, à la jonction de la savane et de la zone forestière.

L'héroine de l'épopée africaine

Sous le règne d'Ossei Toutou (ou Osei) naît Abla Pokou qui devait, entraînant une partie de son peuple, devenir l'ancêtre respectée d'une des plus grandes ethnies de la Côte d'Ivoire, les Baoulé.
Abla Pokou est considéré comme une des figures marquantes de l'épopée héroique de l'Afrique.
Le fait mérite d'être souligné, car peu de peuples reconnaissent une femme comme étant à l'origine de leur histoire.
La Yennega voltaique (burkinabè), pour vénérée qu'elle soit en pays mossi, constitue seulement une sorte de transition entre la royauté paternelle et celle que va reprendre son fils.
Toute autre est la reine Pokou, mère du peuple baoulé. Selon les chants qui lui sont consacrés "ce fut elle qui enfantera son peuple elle et elle seule". Abla ou Abra Pokou naît au début du XVIIIè siècle. Elle est la petite nièce par les femmes du grand Ossei Toutou.
A la mort de celui-ci, le cousin de la jeune fille, Opokou Waré, monte sur le trône.
Soeur du roi, Pokou a tout pour faire la plus grande carrière que peut espérer une femme ashanti.
Seulement les dieux reprennet souvent ce qu'ils semblent donner, Pokou s'aperçoit au fil des années qu'elle est la proie du plus grand des malheurs. Malgré les sacrifices accomplis, malgré les partenaires qu'elle change, la jeune fille devenue femme doit se rendre à l'évidence, elle, dont la gloire dépend de la fertilité, ne peut avoir d'enfants.
Et les années passent. Alors que ses compagnes sont mères et mêmes grand-mères, elle demeure désespérément seule.

Pokou epargnée lors du sac de Koumassi

Pokou doit avoir une quarantaine d'années quand survient l'un des évènements les plus funestes connu par Koumassi.
Le roi Opokou Waré, esprit moins politique que ne l'était son oncle, décide de partir en expédition punitive contre un vassal turbulent.
Il mobilise donc l'intégralité de son armée en laissant sa capitale, Koumassi la splendide, sans aucune défense.
La nouvelle parvient bien vite à un autre peuple vassal, les Sewfi qui supportant eux aussi difficilement le joug, décident de prendre leur revanche. Alors que l'armée d'Opokou Waré se trouve à des jours de marche, ils envahissent l'Ashanti. Détruisant tout sur leur passage, ils parviennet devant la capitale dont la réputation est telle que l'on raconte qu'on y marche sur l'or.
C'est le désastre. Prévenus à temps, une partie des femmes et des enfants demeurés sans défense, va se cacher dans la forêt. Intrépides, les princesses royales refusent de s'enfuir.
Elles sont massacrées par les guerriers Sewfi ivres de leur victoire. Koumassi, totalement pillée, n'est plus qu'un brasier fumant.
Tous les espoirs de succession au trône sont-ils morts avec elles ? Non, car miraculeusement deux princesses survivent : une très jeune fille nommée Akwa Boni et la déjà vieille Pokou.
Le roi des Sewfi leur laisse la vie sauve. Il se rend compte que son expédition, pour victorieuse qu'elle soit, risque de lui ménager des lendemains désagréables.
Aussi décide-t-il d'emmener les deux femmes en otages, monnaie d'échange destinée à pallier la colère prévisible du roi de l'Ashanti.

Une nouvelle jeunesse

Espérance erronnée : Avant même d'essayer de retrouver ses parents, Opokou Waré fait supporter sa vengeance aux Sewfi. C'est seulement après les avoir défaits que le roi envoie chercher sa cousine et sa soeur.
Il a plus hâte de retrouver la jeune Akwa qui porte l'espoir de sa dynastie, que la vieille Pokou.
Il accueille la première en lui disant " Akwa effri iyé ", " Akwa sois la bienvenue ".
C'est par le nom " d'asae ", " celle par qui le malheur arrive " qu'il salue le retour de sa soeur.
Il ignore qu'un changement radical vient de survenir dans la vie de Pokou: à un âge où les autres femmes ne sont plus que des matrones, elle vient de retrouver une nouvelle jeunesse.

Le guerrier chargé par le roi de la tirer de son exil, un certain Assoué Tano, réussit à la séduire.
L'attirance est réciproque. Bien qu'il soit de beaucoup son cadet, Abla Pokou l'épouse et le miracle se produit.
Voilà que s'annonce enfin l'enfant qu'elle, avait attendu pendant des dizaines d'années.

Les sourires moqueurs qui avaient entouré le mariage tardif de Pokou, s'estompent. Abla n'est plus celle par qui le malheur arrive; la sorcière, celle dont on se méfie; elle est enfin une femme comme les autres et sa joie ne connaît plus de bornes quand elle met au monde un enfant.

Statue de Reine Baoulé

Le sacrifice de la Reine POKOU, Mythe et légende.

 Née au début du XVIIIe siècle, Abla Pokou était la nièce du grand roi Ossei Tutu, fondateur de la puissante

confédération Ashanti du Ghana. A la mort du roi, en vertu de la succession matrilinéaire, son neveu lui succéda sur la trône. Mais à son décès une guerre de succession s’ouvrit entre Dakon, le second frère de Pokou, héritier désigné et un vieil oncle, issu d’une branche collatérale de Iza, famille régnante. Chacun voulait diriger cette tribu prospère qui savait cultiver la terre, fondre le bronze, fabriquer des ornements d’or et sculpter des masques d’ébène.

A l’issue d’une lutte fratricide qui déchira Koumassi, la capitale du royaume, Dakon fut tué. Pokou compris aussitôt quel sort attendait les partisans de son défunt frère qui s’étaient regroupés autour d’elle. Les cases incendiées, les champs saccagés, les biens spoliés lui indiquèrent qu’il ne restait plus que l’exode pour éviter le massacre. Lorsque son époux fut assassiné à son tour, elle réunit des familles nobles et vassales ainsi que leurs serviteurs et décida de quitter Koumassi la nuit venue pour fuir vers le nord-ouest, accompagnée d’une garde de soldats fidèles.

Sous la conduite de leur reine, les fugitifs marchèrent nuit et jour à travers la forêt, haletants, épuisés. A peine s’arrêtaient –ils pour se reposer, à peine prenaient-ils le temps d’enterrer leurs morts et de tuer quelque gibier pour se nourrir, qu’ils devaient repartir, talonnés par les troupes lancées à leur poursuite.

Harassés, ils arrivèrent enfin devant un fleuve mugissant qui les glaça d’effroi : la Comoé, barrière naturelle entre le Ghana de leurs ancêtres et leur nouvelle terre d’exil, la Côte d’Ivoire. Mais le fleuve, gonflé par les pluies récentes de l’hivernage, était impraticable. Sous la violence des courants, les pirogues des villages de pêcheurs voisins s’étaient fracassées, empêchant toute traversée. Et l’ennemi était là, tout proche, annoncé par le tam-tam parleur.

Levant les bras vers le fleuve, la reine se tourna vers son devin, gardien des traditions sacrées, et lui ordonna de consulter les oracles : « dis-nous ce que demande le génie de ce fleuve pour nous laisser passer !» Le vieil homme parla:«Reine, le génie de ce fleuve est irrité. Il ne s’apaisera que lorsque nous lui aurons donné en offrande ce que nous avons de plus cher.» Les femmes tendirent leurs parures d’or et d’ivoire. Les hommes avancèrent leur leurs taureaux. Mais le sorcier les repoussa du pied : « Ce que nous avons de plus cher dit-il ce sont nos fils ! » Toutes les mères frémirent.

Pourtant, les femmes Ashanti savaient qu’en certaines circonstances les dieux exigeaient la mort d’un enfant. Parfois, il leur était même interdit de pleurer cet enfant sous peine de voir la colère des dieux s’abattre sur la tribu entière. Et lorsque les esprits des ancêtres parlaient par la bouche du sorcier, quel cours avaient les mortels ? Pas un volontaire ne sortit de la foule atterrée.

Alors Pokou s’avança au bord du fleuve. Elle détacha l’enfant qu’elle portait au dos et le couvrit de bijoux étalés ça et là. « Kouakou, mon unique enfant ! j’ ai compris qu’il faut que je donne mon fils pour la survie de cette tribu. Une reine n’est –elle jamais que reine et non femme, ni mère !» Pokou éleva l’enfant au dessus d’elle pour le contempler une dernière fois et le précipita dans les flots en se détournant.

En quelques instants les flots de la Comoé s’apaisèrent et la tribu passa. Par quel miracle ?on ne sait trop. Selon les anciens, un immense fromager situé sur l’autre rive courba son tronc entre les deux berges du fleuve pour offrir un pont aux gens de Pokou. Pour d’autres, d’énormes hippopotames vinrent docilement se ranger flanc contre flanc

, offrant leur dos luisants aux milles pieds de la tribu en fuite.

Lorsque le dernier des exilés eut gagné l’autre rive, le fromager se releva et le fleuve reprit son bouillonnement. Mais face à l’explosion de liesse qui salua cette victoire sur l’ennemi, la reine ne pu que murmurer un sanglot : « Ba ou li.», Ce qui signifie : « l’enfant est mort. » En reconnaissance, les chefs de clans décidèrent alors de rebaptiser leur ethnie du nom de Baoulé.

Après avoir sillonné la nouvelle contrée à la recherche d’une terre fertile, la tribu s’installa dans la région de Bandama. Et lorsqu’il fallut célébrer ce nouveau foyer, les anciens décidèrent de commencer par les funérailles de l’enfant de Pokou. C’est ainsi que le berceau du peuple baoulé reçut le nom de «Sakassou » le lieu de funérailles.

Après avoir régné durant de longues années, la reine Pokou s’éteignit vers 1760.

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