MONNAIE GAULOISE, Demi as de Nîmes, 6.47gr, diam.26mm prix d'estimation 80 euros, très belle patine brillante .Type II imité par des graveurs gaulois. A servi de contrat symbolique d'un homme marié vis à vis de son épouse. TTB++

1- Le type 1 (27-28 avant JC) Les as de Nîmes de la toute première émission s’apparentaient beaucoup dans leur style aux as de Vienne, de Lyon et d’Orange. C’étaient de gros modules et ces premières frappes étaient toutes semblables. La tête d’Auguste est nue et juvénile. Une des particularités de cette série réside dans le fait qu’Agrippa est barbu. Ces as du premier type sont rares car frappés sur une courte période. Les émissions qui suivirent furent frappées sur des modules plus petits. Les coins varièrent beaucoup, jusqu’à être souvent de facture grossière en ce qui concerne les imitations de la 2e émission jusqu’à 9 av. JC. (les imitations sont encore plus difficiles à dater).

TYPE I-1 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa barbu (à gauche). Belle patine noir brillant. Un exemplaire de poids lourd, avec une tranche épaisse et limée en biseau.

TYPE I-2 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche). Un bel exemplaire frappé sur flan large où tous les éléments sont très lisibles et bien centrés. La chaîne qui lie d'ordinaire le crocodile à la palme est absente. À noter que le portrait d’Auguste paraît à peu près conforme à l’idée que l’on peut se faire de son physique d’après ses innombrables représentations, rançon de sa popularité. Par contre, le portrait d’Agrippa paraît beaucoup plus approximatif, comme si le graveur pressé l’avait interprété à son idée ? Surtout le nez qui lui “mange” la figure. On comprend davantage que pour le crocodile, la ressemblance ne soit pas un problème. Il paraissait surtout important d'en faire une caricature pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons. Nul doute que les graveurs se sont amusés à ridiculiser le crocodile qui, probablement, symbolisait l'Egypte, mais aussi Marc Antoine, vaincu et enchaîné à Cléopâtre pour sa perte. Patine vert clair.

TYPE I-3 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche). Une rangée de dents orne aussi le dessus de la mâchoire supérieure du crocodile. On remarque par ailleurs le nez très allongé et nettement recourbé vers le haut du saurien. Ceci nous conforte dans l'hypothèse que le crocodile représente une nef "animalisée", comme il existait aussi des nefs "végétalisées" dans leur représentation. Il suffit, pour se convaincre de l'analogie, de comparer la proue de navire traditionnellement reprise sur beaucoup de bronzes républicains ou la série d'as de Vienne, dont quelques exemples figurent sur ce site.

TYPE I-4 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche). Beaux portraits décentrés à la frappe, mais entiers. Le revers est très stylisé, voire archaïque, et représente, conformément aux frappes des as de Nîmes de cette période, le crocodile avec une rangée de dents au dessus de sa mâchoire supérieure. La palme est droite, alors qu’elle ploie en général, à l’image des palmettes au pied du crocodile qui sont aussi très rigides.

 

2- Le type 2 Les frappes du Type II se caractérisent par une très grande variété de coins. Les modules sont plus petits : généralement de l’ordre de 25/26 mm de diamètre pour des poids compris entre 9 et 13 grammes environ. Ce type a été très imité par les graveurs gaulois qui s'en sont donnés à coeur joie localement et ont aussi frappés des petits modules (semis) de 6 à 8 grammes. La limite entre les as de faible poids et les semis lourds est cependant bien floue. Hormis les différences de styles, quelques spécificités marquantes caractérisent certaines représentations. Il arrive qu’Agrippa soit représenté barbu. La légende “COL NEM” peut varier : “COL NM”, “COL NIM”...
(-16 à -15 avant J.C.)Avers Deux têtes adossées, à droite celle d'Auguste nue et à gauche celle d'Agrippa avec la Couronne rostrale d'or suprême récompense pour ses exploits militaires. Avec en exergue les inscriptions : IMP DIVI F (Imperator Divi Filius - Empereur Fils du divin). Cette inscription rappelle que Jules César, qui avait adopté Auguste, avait été divinisé à sa mort. Revers Crocodile à droite enchaîné à un palmier incliné à droite. Le palmier est orné d'une bandelettes flottantes à droite et de deux autres à gauche, d'une couronne de chêne à gauche, à partir de son pied poussent deux rejetons à gauche et à droite. Dans le champ les inscriptions : COL NEM (Colonia Nemausus  -Colonie de Nîmes)

TYPE II-1 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche). La tête d’Auguste est nue et juvénile. La particularité de cet exemplaire réside dans sa légende de revers “COL NIM” à la place de l’habituel “COL NEM”. Frappe fortement décentrée à l’avers et flan court. Cette monnaie est une imitation gauloise de la monnaie officielle. Il y en eût beaucoup de variétés, de factures frustres, avec de multiples variantes.

TYPE II-2 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche). Beaux portraits à la représentation très proche des premières frappes sur gros modules. Le revers est très stylisé, voire archaïque, et représente, comme les frappes du type I, le crocodile avec une rangée de dents au dessus de sa mâchoire supérieure. L’animal est un peu maigrelet et oblong, alors qu’il est le plus souvent représenté trapu, avec les yeus exorbités jusqu’à la caricature sur les frappes plus récentes des types III et IV.
Joli spécimen aux motifs bien centrés et à l’usure régulière qui ne nuit pas à la lecture de la monnaie, aussi bien à l’avers qu’au revers. Les flans larges permettent de distinguer tous les éléments habituellement en présence, mais pas toujours tous visibles sur les monnaies à flans courts, surtout quand les frappes sont décentrées.

TYPE II-3 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche). Portraits un peu décentrés à la frappe, mais entiers. Le revers est très net et représente, conformément aux frappes des as de Nîmes de cette période, le crocodile avec une rangée de dents au dessus de sa mâchoire supérieure.

TYPE II-4 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche). Une rangée de dents orne aussi le dessus de la mâchoire supérieure du crocodile. Frappe Gauloise. Poids léger pour ce type.

 

3- Le type 3 Les frappes du Type III se caractérisent par l’ajout d’une couronne de chêne sur la tête d’Auguste (“ corona civica ”). Les poids augmentent un peu (de 12 à 14 g. environ). Ce qui nous rapproche du poids des dupondius. Les imitations gauloises fantaisistes disparaissent peu à peu. Les gravures sont résolument romaines et les écarts de poids mineurs. Le crocodile sera souvent plus réaliste aussi (sauf exceptions).

TYPE III-1 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche), la première laurée et celle d’Agrippa coiffée d’un couronne rostrale.
Magnifique exemplaire (UN DES PLUS BEAUX CONNUS DE CE TYPE) de frappe bien régulière et revêtu d’une superbe patine vert émeraude brillant.
On notera la finesse des portraits et des motifs, ainsi que la qualité de centrage de la frappe qui fait que les légendes et les grenetis sont bien complets. Il s’agit là d’une monnaie d’exception.

TYPE III-2 La tête d’Auguste, laurée, est âgée (à droite). Deux palmes au pied d’un crocodile à la représentation peu réaliste. Son corps est ramassé, sa tête disproportionnée. Sur ce modèle, l’animal paraît être attaché à un palmier, droit et rigide, contrairement à la plupart des représentations où le crocodile est attaché à une palme qui ploie.

TYPE III-3 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche). Beaux reliefs. Légendes et motifs complets sur les deux faces. Frappes bien centrées.

TYPE III-4 Têtes adossées d’Auguste (à droite) et Agrippa (à gauche). Légendes et motifs complets sur les deux faces. Le crocodile est très court, ce qui lui donne un aspect peu réaliste. Un superbe exemplaire de fort relief dont les motifs sont bien centrés et complets.

4- Le type 4 .Les frappes du Type IV se distinguent des types précédents par l’ajout des lettres PP au revers, ainsi que par la couronne d’Auguste, qui n’est plus de feuilles de chêne mais de laurier. Au revers, les fanions qui flottent au sommet de la palme sont remplacés par deux serpents. Les poids sont sensiblement les mêmes que pour le type précédent, c'est à dire stabilisé par rapport aux frappes officielles qui ne sont plus concurrencées par les imitations gauloises plus ou moins fantaisistes des type I et II.(aux environs de 10 après J.C.)AversDeux têtes adossées, à droite celle d'Auguste couronnée de chêne et à gauche celle d'Agrippa avec la Couronne rostrale d'or suprême récompense pour ses exploits militaires. Avec en exergue les inscriptions : IMP DIVI F P P (Imperator Divi Filius Pater Patriae - Empereur Fils du divin Père de la Patrie). Le titre honorifique de "Père de la Patrie" a été attribué à Auguste en -2 avant J.C. Revers Crocodile à droite enchaîné à un palmier. Le palmier est orné de deux bandelettes flottantes à droite et d'une couronne de chêne à gauche, à partir de son pied poussent deux rejetons à gauche et à droite. Dans le champ les inscriptions : COL NEM (Colonia Nemausus  -Colonie de Nîmes).

TYPE IV-1 Premier exemple des as de Nîmes du type 4. Au revers, les dents pointues qui ornaient souvent le dessus de la mâchoire du crocodile sur les types plus anciens (types I et II), sont figurées ici par une rangée de points. On ne peut donc plus dire que ce sont des dents : mais alors que représentent ces points ? Cet ornement disparaitra sur les autres frappes de type 4, qui furent plus réalistes. On a pu observer que, généralement, sur le type 4, la palme penche à gauche, contrairement aux types précédents où elle penche à droite...quand elle n’est pas simplement droite.
Cet exemplaire porte encore l’empreinte “gauloise” du style des types 3, particulièrement pour le revers. Belle monnaie, avec des portraits de beau style, frappée sur flan ovale et belle patine verte brillante
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TYPE IV-2 As de Nîmes de type 4, très différent de l’exemple ci-dessus. Superbe exemplaire de style très académique. Les portraits, qui occupent une grande partie du champs, sont particulièrement bien centrés et de haut relief, frappés sur un flanc assez large pour faire apparaître nettement toutes les inscriptions. Patine noire, peu d’oxydation.

Un peu d'histoire En -31 avant J.C., les légions romaines d'Octave, futur Auguste, conquièrent l'Egypte par la victoire d'Actium, avec à leur tête le général Agrippa. Après la guerre, les légions victorieuses reçurent le droit de s'installer et de coloniser la région de Nîmes. La ville de Nîmes avait obtenu du Sénat le privilège de frapper monnaies. On peut supposer alors que les anciens légionnaires voulurent immortaliser cette victoire : le crocodile attaché symboliserait l'Egypte vaincue, et la couronne suspendue au palmier la victoire. Sous la domination romaine, Nîmes, colonie Marseillaise fut florissante. En témoignent les nombreux vestiges gallo-romains à Nîmes et aux environs : la Maison Carrée, les Arènes, le Pont du Gard, etc ….