MEDIEVAL COINS

PHILIPPE IV LE BEL, 1285-1314.

Estimate: EURO 65 000. FDC


Florin d'or dit "à la Reine" (1305) . En or jaune, comme toutes les monnaies d'or de cette époque qui sont en or presque pur. Le Roi couronné assis de face, sur un trône analogue à celui de Dagobert, tenant le sceptre et un lis, entre deux lis. PHILIPP' DEI GRA FRANChORV REX. Rv. Croix quadrilobée, feuillue et fleuronnée, cantonnée de quatre lis. +XP'C VICIT XP'C REGNAT XP'C IMPERAT. 4,65 grammes d=27 mm Ciani 187a. Duplessy 210. Lafaurie 214. Friedberg 256. Très rare. FDC

Cote du Duplessy et prix de vente explosés à l'époque.

Provenance : Paul TURQUAT, expert à Montpellier, avec certificat d'Expertise.

L'écu ne circulant pratiquement pas, la première pièce d'or à être largement répandue en France est le petit royal assis, émis en 1290 par Philippe IV Le Bel (1285-1314).

petite masse ou Florin d'Or pur

 

PHILIPPE IV le Bel
(né en 1268, mort le 29 novembre 1314)

Roi de France : règne 1285-1314

Surnommé le Bel, il monta sur le trône à l'âge de dix-sept ans et fut sacré à Reims le 6 janvier 1286. Il joignit au titre de roi de France celui de roi de Navarre, parce qu'il avait épousé Jeanne, fille et héritière de Henri Ier. Cette princesse en apportant avec le royaume de son père le comté de Bigorre et les comtés de Champagne et de Brie, augmenta considérablement le domaine et la puissance du roi.

Un des premiers actes du règne de Philippe fut de rendre à Édouard Ier, roi d'Angleterre, en exécution d'un traité conclu entre Saint-Louis et Henri III (1259), la partie de la Saintonge qui est au delà de la Charente. Édouard vint à Paris faire hommage au roi de tous les domaines qu'il possédait en France, et comme il lui fut accordé plusieurs articles qu'il n'avait pas droit d'exiger, on mit pour titre à l'acte qui en fut expédié : Grâce faite au roi d'Angleterre. Les affaires d'Espagne et d'Italie continuaient d'occuper la cour de Rome, la France et l'Angleterre. Charles II, dit le Boiteux, roi de Sicile, était toujours retenu prisonnier, et Robert, comte d Artois, gouvernait ses États en qualité de régent. Les deux fils de don Pèdre s'étaient fait l'un et l'autre saluer rois d'Aragon : Jacques en Sicile et Alphonse à Saragosse.

Les papes Honoré IV et Nicolas IV, en renouvelant l'excommunication lancée par leur prédécesseur (Martin IV), pressèrent tour à tour Philippe le Bel d'assurer par les armes le succès de la donation faite à son frère Charles de Valois. Les deux pontifes offrirent pour les frais de cette guerre la prolongation de la taxe sur le clergé. Depuis la mort de Philippe III, la guerre d'Aragon, poursuivie faiblement, s'était bornée à des courses sur les frontières. Philippe IV préparait une nouvelle invasion, lorsque Jacques, roi d'Aragon, craignant les suites de cet armement, se hâta de traiter avec le roi de Sicile qui ne pouvait plus supporter l'ennui de sa prison.

Charles II s'obligea par serment à payer une rançon de cinquante mille marcs d'argent ; à obtenir la renonciation de Charles de Valois à la couronne d'Aragon ; à ménager la paix de Jacques avec le pape et Philippe le Bel ; et, s'il ne pouvait y réussir dans l'espace de trois ans, à venir se constituer prisonnier. Ce prince donna en otage, pour sûreté de sa parole, ses trois fils aînés et quarante autres jeunes seigneurs. Charles II se rendit à la cour de France (1289) et ensuite en Italie, où le pape le fit couronner roi des Deux-Siciles et le délia de son serment, comme contraire aux droits du Saint-Siège.

Les troubles qui éclatèrent dans la Castille à cette époque ralentirent l'ardeur de Philippe pour la guerre d'Aragon, et aucun corps français ne parut sur les frontières de ce royaume. La paix était généralement désirée ; elle fut conclue à Tarascon : Alphonse d'Aragon se soumit à demander pardon au pape et à recevoir l'absolution pour tout ce qui s'était passé, tant sous le règne de son père que sous le sien. Il s'obligea de payer au Saint-Siège un tribut annuel de trente marcs d'or, de conduire des troupes en Palestine, de porter son frère Jacques à restituer la Sicile et à rendre à Charles II tous ses otages. Charles de Valois renonça à la couronne d'Aragon en épousant Marguerite, fille de Charles II, et en recevant de ce prince comme dédommagement de la donation du pape le comté d'Anjou et celui du Maine.

Alphonse d'Aragon étant mort peu de temps après (1291), Jacques, son frère, refusa de rendre la Sicile. Philippe le Bel offrit au pape d'attaquer l'Aragon, alléguant qu'il n'avait point traité avec Jacques, resté sous le poids de l'excommunication. Mais Rome venait de recevoir l'affligeante nouvelle que la perte de Sidon, de Béryte et de Ptolémaïs achevait la ruine des chrétiens en Orient. Le pape, en remerciant Philippe de son zèle et refusant son offre, voulut en vain l'engager ainsi que le roi d'Angleterre et les autres princes chrétiens dans une nouvelle croisade. Il n'y avait plus de port où l'on pût aborder, et cette année (1291) est regardée comme l'époque où selon l'expression du P. Daniel, « l'envie et la mode des croisades passèrent presque tout à fait. »

La renonciation de Charles de Valois ne fut point révoquée et la Sicile appartint à la maison d'Aragon. La guerre ne tarda pas à éclater entre la France et l'Angleterre. Suivant les historiens français, Édouard Ier, trouvant indigne de lui la qualité de vassal de France, dont il avait jusque-là rempli tous les devoirs pour la Guyenne et le comté de Ponthieu, ne cherchait que l'occasion de secouer un joug humiliant ; mais, s'il faut en croire les historiens anglais, ce fut le roi de France qui força le roi d'Angleterre à chercher dans les armes la défense de ses droits.

Une querelle engagée à Bayonne entre un matelot normand et un matelot anglais fut l'origine de rixes et de combats sanglants. Deux cents navires partis des côtes de Normandie pour aller charger des vins en Gascogne s'étant emparés de tous les bâtiments anglais qu'ils trouvèrent sur leur chemin, furent attaqués sur les côtes de Bretagne par 60 navires anglais bien armés, qui les prirent à leur tour ou les coulèrent presque tous à fond.

Philippe irrité envoya des ambassadeurs en Angleterre pour demander satisfaction, menaçant, en cas de refus, de se venger sur la Guyenne et de citer à la cour des pairs Edouard, vassal de sa couronne, pour venir rendre compte de la conduite de ses propres vassaux. Ce prince envoya des ambassadeurs qui offrirent à Philippe de donner toute satisfaction, mais devant les tribunaux d'Angleterre, et en déclarant que leur maître n'était soumis à personne. Ils proposèrent aussi que les deux rois traitassent ensemble cette affaire en se réunissant dans un lieu convenu sur les côtes de France, où Edouard se rendrait avec les sûretés nécessaires, et, au cas où ce dernier parti ne serait point adopté par Philippe, de s'en rapporter à la décision du Saint-Siège.

Mais Philippe peu satisfait de cet air d'indépendance qu'affectait le roi d'Angleterre, rejeta les offres de ses ambassadeurs : il refusa bientôt après d'écouter le prince Edmond, frère d'Édouard, qui lui fut envoyé, et le roi vassal fut cité à la cour des pairs. Cette citation publiée par le sénéchal de Périgord et de Quercy fut affichée aux portes de Libourne. On trouve dans les registres Olim la lettre, en forme de manifeste, que Philippe écrivit à Édouard (1292). Sur le défaut de comparution du roi d'Angleterre, ce prince fut déclaré atteint et convaincu de félonie, et, comme on l'avait vu sous Philippe-Auguste à l'égard de Jean Sans terre, tous les domaines qu'Édouard possédait en France furent confisqués : mais la difficulté était de mettre un tel arrêt à exécution.

Les deux rois se préparèrent longtemps à la guerre. Édouard engagea dans son parti Adolphe de Nassau, roi des Romains ; les comtes de Bar, de Flandre, les ducs de Brabant et de Bretagne, et Amé V, comte de Savoie. Philippe traita avec Jean Bailleul, roi d'Écosse ; Éric, roi de Norvège ; Albert, duc d'Autriche ; Humbert, dauphin de Vienne ; le comte de Hollande et quelques autres seigneurs. Il fit aussi une ligue qui paraîtrait aujourd'hui singulière, non avec le roi de Castille, mais avec quelques villes de Castille et avec les communes de Fontarabie et de Saint-Sébastien.

Cependant les négociations continuaient au milieu des préparatifs de guerre. Boniface VIII intervint inutilement. Enfin le prince Edmond repassa la mer et vint à Paris, où, selon Walsingham, un concordat fut signé par la médiation de la reine Marie et de la reine, femme de Philippe. Le concordat fut bientôt ratifié par Édouard. Ce prince, pour marquer sa déférence à Philippe, remettait entre ses mains Saintes, Talmont et quatre autres forteresses. Le roi de France pouvait envoyer deux officiers dans chaque ville de Guyenne, à l'exception de Bayonne, de Bordeaux et de la Réole. Édouard donnait aussi des otages et promettait que désormais les officiers anglais commandant en Guyenne garderaient le respect dû à la majesté royale.