ICÔNE RUSSE inspiration GRECQUE-ORTHODOXE

ICÔNE de la TRINITE école Russe estimation 29 000 euros
Appelée de façon populaire l'icône de la Trinité, mais dont le vrai nom est l'icône de "l'hospitalité d'Abraham": elle rappelle l'apparition de trois anges au patriarche près du chêne de Mambré (Genèse 18). En grec son nom est l'icône de la "Philoxenia": amour pour les hôtes étrangers. Des chênes rappelleront concrètement l'événement biblique, et une pierre, l'autel de la "ligature" d'Isaac. On remarque en haut de l'icône les deux termes "Philoxenia" et "Abraham". Pas de signature visible. Dimensions 45 x 69 cm. Réalisé suivant les normes anciennes cette icône sur bois de mélèze, est recouverte de plusieurs couches de plâtre, et d'une toile de lin recouverte elle-même de plâtre, puis d'une feuille d'or pur, avant d'être peinte. Cette icône est une variante de représentation beaucoup plus ancienne bien avant Roublev, (Andreï Roublev, Moscou, vers 1411). Il existait des représentations iconographiques de cette scène depuis le IVe siècle, l’historien de l’Église Eusèbe de Césarée écrivait qu’il existait dans les anciens temps une image de la Sainte Trinité, sous l’apparence de trois anges, à l’endroit même où les trois étrangers sont apparus à Abraham, avec Abraham et Sara qui servent les anges et souvent un serviteur en train de tuer un agneau pour le repas (comme dans l'icône que nous présentons).On dénombre deux renforts dans le bois. Fin 18ème, début 19ème.

L’icône originale est très grande : elle mesure 141 cm x 112 cm. Elle faisait partie initialement de l’iconostase de la cathédrale de la Trinité de la célèbre laure (monastère) de la Trinité à Zagorsk (actuellement Serguiev Possad), à 60 km au nord-est de Moscou.

Lecture descriptive

Les trois personnages ont des ailes, des auréoles, des bâtons. Leurs visages se ressemblent : ils sont habillés de la même façon, mêmes tuniques et manteaux, mais dans des couleurs différentes. Ils ont en commun une couleur bleue. Ils sont assis autour d’une table.

L’ange du milieu et l’ange de droite ont un même mouvement de tête vers l’ange de gauche, qui renvoie ce mouvement à l’ange de droite. Celui-ci, par le regard et par la main, prolonge le mouvement vers la coupe et la petite ouverture rectangulaire qui se trouve sur le devant de la table.

L’ange central est légèrement surélevé, il porte les couleurs impériales pourpre et bleue ; l’ange de gauche a un manteau aux couleurs chatoyantes et l’ange de droite un manteau vert, tous deux ont une même tunique bleue.

La coupe sur la table occupe une place importante : elle est au centre des trois personnes ; leurs mains droites sont orientées vers elle ; la table forme elle-même une coupe.

Les trois personnages s’inscrivent dans un cercle formé par le mouvement de leurs corps et de leurs têtes ; ils s’inscrivent aussi dans un cercle plus vaste qui englobe le rocher - quelque peu effacé -, l’arbre et la maison, au-dessus de la tête de chacun des trois personnages.

Un axe central vertical réunit l’arbre, le personnage central, la coupe et la confessio, c’est-à-dire l’ouverture rectangulaire devant la table : c’est l’ouverture que l’on trouve dans les autels romains pour laisser aux fidèles la possibilité de voir le tombeau des martyrs sous l’autel.

Lecture Biblique et théologique

L’origine de la scène se situe dans la vie d’Abraham (Genèse, chapitre 18).

Abraham reçoit, avec de grandes marques d’attention, trois voyageurs mystérieux qui lui annoncent que, malgré son grand âge, Sarah, sa femme, enfantera l’enfant que Dieu lui a promis. En raison de cette origine, l’icône porte le nom de l’hospitalité d’Abraham.

La scène biblique est devenue rapidement pour les chrétiens une scène de la révélation de la Sainte-Trinité, si bien que l’icône porte aussi le nom de Colloque divin ou Conseil éternel.

L’icône a ainsi deux dimensions inséparables. Elle représente une scène de la vie d’Abraham et évoque en même temps les plus grands mystères chrétiens.

Les trois pèlerins deviennent les trois personnes divines, les bâtons leur sceptre de puissance. La table avec une unique coupe est l’autel. Le rocher est tout à la fois l’évocation de la montagne du sacrifice d’Isaac et de la montagne du Golgotha. L’arbre, c’est le chêne de Mambré, mais aussi l’arbre de vie des origines, relié à l’eucharistie par l’axe central de l’image. La maison, c’est l’évocation de la tente d’Abraham et du temple qu’est l’Eglise.

Croire au Dieu Trinité, c’est changer l’image qu’on se fait de Dieu. C’est aussi changer l’image qu’on se fait de l’homme. Croire au Dieu Trinité, c’est en même temps croire en l’homme. Si la vie de Dieu est vie de relation, l’homme, créé à son image, se réalise en devenant un être de relation. Oui, vraiment, tout homme est une histoire sacrée !

" Lorsque vint la plénitude des temps, Tu nous as parlé par Ton propre Fils, par Qui aussi Tu as fait l’univers. Lui Qui est le reflet de Ta gloire et l’empreinte de Ton hypostase, Lui qui porte toutes choses par Sa parole puissante, Il ne retint pas jalousement le rang qui L’égalait à Toi, Dieu et Père, mais Lui, le Dieu d’avant les siècles, Il est apparu sur la terre, Il a vécu parmi les hommes, Il a pris chair de la Sainte Vierge, Il s’est anéanti (s’est vidé) Lui-même, prenant la condition d’un esclave, devenant conforme ( symmorphos ) à notre corps de misère pour nous rendre conformes à l’image de Sa gloire ( tès eikonos  tès doxès autou ) ".