PHILIPPE IV LE BEL et LES TEMPLIERS

L’Ordre des Moines Chevaliers du Temple qui même durant ses deux siècles d’existence et a fortiori en conséquence de son procès et de sa brusque éradication s’accompagne d’une forte légende qui lui a survécu jusqu’à nos jours. La fin de l’Ordre est commanditée et organisée par Philippe IV le Bel qui débute son règne en 1285. En 1291, avec la chute d'Acre, le Maître de l'Ordre Guillaume de Beaujeu est tué. Les Templiers doivent se replier sur l'île de Chypre – où ils sont assez mal implantés mais ils n’ont pas d’autre choix, n’ayant plus de places fortes en Palestine - et après une courte parenthèse, Jacques de Molay est élu en 1292 Grand Maître du Temple. Contrairement aux Chevaliers Teutoniques ou aux Hospitaliers qui peuvent se tourner vers d’autres objectifs, les Templiers n’ont bientôt plus d’autres ressources que de se replier dans leurs commanderies occidentales en général et particulièrement dans les limites mêmes du royaume de France. Au début du 14ème siècle, l’Ordre du Temple représente une force militaire considérable dotée d’une richesse prodigieuse qui n’est plus investie dans les combats contre l’infidèle. Les Templiers sont en Europe quinze mille cinq cents chevaliers qu'entourent écuyers et sergents, indépendants du pouvoir royal, ne dépendant que du pape. Ils disposent, réparties dans toute la chrétienté de 9000 commanderies et fermes fortifiées. Le Temple de Paris est une forteresse dans la ville et son donjon à 4 tourelles, plus haut que les tours du palais royal, fait certainement de l’ombre au suzerain. Depuis pratiquement sa fondation à l’aube du 12ème siècle par une poignée de compagnons sous les ordres d’Hugues de Payns, jusqu’à son éradication par le pouvoir royal au tout début du 14ème, le recrutement des Templiers va subir quelques changements.

Naissance de l’Ordre

Hugues de Payns est né entre 1070 et 1080 : c’est un petit seigneur de la région de Troyes, vassal du comte de Champagne. En 1099, le 15 Juillet, Jérusalem est prise par les Croisés. Le royaume franc de Jérusalem est fondé et Godefroy de Bouillon est proclamé roi, titre auquel il préfère celui d'avoué du Saint-Sépulcre. Mais en 1100, à la mort de Godefroy, son frère Baudouin de Boulogne lui succède et prend le titre de Baudouin 1er, roi de Jérusalem. En 1110, l'Ordre des Frères Hospitaliers de Jérusalem est fondé. Il deviendra par la suite un ordre militaire et religieux, rival des Templiers. Hugues de Payns et huit de ses compagnons tous issus du nord-est de la France, sont des chevaliers croisés. Installés à Jérusalem, ils constatent que les pèlerins débarquant à Jaffa ou à Saint-Jean d’Acre, sont la plupart du temps exposés sans protection aux raids et aux incursions musulmanes. En accord avec les autorités de Jérusalem, ils forment en 1118 une milice, l'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ, composée d’André de Montbard (10??-1156), de Gondemare, de Rotland (ou Roral), d’un certain Godefroy, de Geoffroy Bissot (ou Bissol), de Payen de Montdidier (ou Payon de Montdésir), d’Archambaud de Saint-Amand (ou de Saint Agnan) et de Godefroy de Saint-Omer, et s’astreignent à une vie mi-militaire, mi-religieuse, conforme aux voeux monastiques : humilité, pauvreté, chasteté. C’est cette même année que Baudouin II (1118-1131), cousin de Baudouin I, lui succède. Le nouveau souverain de Jérusalem est favorable aux initiatives de cette petite troupe qu’il juge cependant trop faible en nombre, mais capturé par les Turcs en 1123, il faudra attendre qu’il soit libéré quatre ans plus tard, pour que les Pauvres Chevaliers dont le nombre ne semble guère varier dix ans durant, bénéficient efficacement de son soutien. En 1127, Baudouin délègue Hugues auprès du pape Honorius II pour tenter d’obtenir à défaut d’une nouvelle croisade, un renfort conséquent de chevaliers chrétiens. Honorius II (1124-1130) écoute si favorablement Hugues de Payns qu’il délègue celui-ci à Troyes, en Champagne. En effet en janvier 1128, un concile y est réuni ; se basant sur les travaux de Bernard de Clairvaux, il octroie une règle primitive à l'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et définit leurs objectifs : la défense du Saint Sépulcre et la protection des pèlerins. Hugues de Payns profite alors de son séjour pour lancer une vraie campagne de recrutement. Si les futurs Templiers n'avaient aucun bien en France, la campagne d’Hugues va se montrer rapidement payante et attirer un grand nombre de jeunes nobles en quête d’idéal qui, en faisant vœu de pauvreté, abandonnent à l'ordre toutes leurs possessions et héritages. Lorsque en Palestine arrivent ces renforts attendus, Baudouin cède à l’Ordre un bâtiment où disait-on s'était élevé jadis l’ancien Temple de Salomon : les Pauvres Chevaliers du Christ prennent alors le nom de Chevaliers du Temple ou Templiers. Hugues de Payns meurt le 24 mai 1136. L'Ordre sera officialisé par une bulle pontificale le 29 mars 1139.

Recrutement et règles

En 1144, le pape Célestin II accorde des privilèges à ceux qui acceptent de subvenir aux besoins de l'Ordre. La charité publique est relancée et les donations terriennes finissent par poser des problèmes de gestion. Si en effet beaucoup de jeunes gens de la noblesse, désireux de s'investir dans la défense de la foi chrétienne au Moyen-Orient se font Templiers et de ce fait apportent à l'Ordre, tout ou partie de leurs biens, il faut que demeurent en Occident quelques-unes de ces nouvelles recrues pour prendre en charge et faire valoir ces propriétés, en percevoir les revenus et procéder à de nouveaux recrutements parmi la chevalerie. Les commanderies prennent ainsi naissance entre 1128 et 1140 à travers tous les pays de la Chrétienté. Dirigées par un précepteur ou commandeur, elles abritent plusieurs frères et des gens à gage chargés de l’exploitation des terres (laboureurs, vignerons, bergers…) ou des tâches communes d’entretien des locaux et des hommes (écuyers et sergents). L’Ordre initialement n'est accessible qu'aux chevaliers ou aux nobles. Cependant, face à l’extension rapide du Temple et en dépit de sa richesse qui ne fait que croître, il devient bientôt préférable d’admettre parmi les Templiers des non nobles, les frères sergents du Temple (fratres servientes), plutôt que de continuer à entretenir une trop grande domesticité. Ceux-ci, dans le courant du 13ème siècle, peuvent même accéder au préceptorat des commanderies. Même si les frères chevaliers les considèrent avec hauteur et mépris, il est cependant fort probable que cette décharge de leurs responsabilités au sein des commanderies leur permettant de se vouer à leur véritable mission en Orient n’ait pas été accueillie trop défavorablement. La couleur de la robe passée par-dessus leurs effets - blanche pour les chevaliers, brune ou noire pour les écuyers ou les sergents - établira cependant toujours la distinction entre les uns et les autres. En Orient, les Templiers partagent leur existence austère entre l’étude, la prière et la guerre dans ces forts indépendants édifiés par l’Ordre, les kraks. Les contacts qu’ils entretiennent avec les populations et qui sont loin d’être systématiquement belliqueux leur permettent de devenir des érudits en matière de mœurs et coutumes musulmanes. Ce qui par la suite leur sera reproché. Au fil du temps cependant, les Templiers vont se détourner de leur mission première. Leur puissance militaire, leur fortune, leurs acquisitions foncières en Occident, leur rôle d'intermédiaires entre Orient et Occident, leur découverte de nouvelles pratiques, vont peu à peu les amener à devenir une puissance d’argent qui culminera après leur retour en Europe. « Le puissant Ordre des Templiers se livre en effet depuis son repli d’Orient à des opérations financières d’importance internationale, gardant dans ses coffres des fonds privés, facilitant les transferts de capitaux d’un pays à l’autre. » (Pierre Miquel)

Le procès des Templiers

Le contexte

Bien avant leur repli dans les commanderies d’Europe, des calomnies mettent en cause les ordres militaires et se concentrent sur le Temple, le plus exposé à ces attaques : leurs richesses et leur avarice, leur pouvoir incontrôlable, la morgue et l’arrogance de certains, l'inconduite d’autres suscitent envie et malveillance. Craints et détestés, on accuse même les Templiers d’Orient de lâcheté voire de connivences avec les Musulmans. De plus, la puissance d'un ordre militaire qui ne peut plus exercer sa force, qui possède des biens à travers toute la Chrétienté et qui ne rend des comptes qu'au pape inquiète les gouvernants et particulièrement Philippe le Bel et son conseiller Guillaume de Nogaret. Le roi de France s'attaque d'abord au pape Boniface VIII ardent partisan de la suprématie du Saint Siège sur les princes. En 1296, le Grand Maître de l’Ordre Jacques de Molay prend parti contre Philippe le Bel en faveur du pape qui excommunie le Roi en 1303 peu avant de mourir. Entre 1303 et 1307, le sort des Templiers va définitivement basculer.

La répression

Philippe le Bel est empêtré dans des problèmes d’argent : le trésor royal est au plus mal. Le Roi tente d’établir des impôts directs, indirects et même plusieurs dévaluations : il se heurte à des insurrections ou à des émeutes. Ses relations avec le Saint-Siège ne cessent d’être conflictuelles. Les hommes qui forment son conseil autour de Nogaret, travaillent avec acharnement pour centraliser l'administration, affermir l’autorité royale et rentrer des fonds. Le ver est dans le fruit, les Templiers vont servir d’exutoire. Nogaret va trouver dans les dénonciations d’un certain Esquin de Montfaucon une très belle occasion pour poser ses jalons. En 1303, Montfaucon a été déchu de son titre de commandeur pour apostasie : il s’est vengé en poignardant le commandeur de Mont Carmel, puis il s’est réfugié à Paris pour demander protection au conseiller du roi. Ce dernier la lui accorde volontiers et le fait enfermer dans une geôle de Toulouse avec un autre condamné à mort. Les deux hommes parlent et Esquin de Montfaucon multiplie des récits d’horreurs et d’atrocités qu’il attribue aux Templiers et que l'on retrouvera plus tard comme chefs d'accusation. Le codétenu de Montfaucon en fait part aux autorités de la prison qui en réfèrent à la cour de France. « Les chevaliers du Temple sont collectivement accusés d’hérésie, d’idolâtrie et de sodomie, et tout cela pour des pratiques pour le moins étonnantes qui relèvent plus souvent de la brimade stupide et de l’ignorance que d’une volonté de scandale. » (Jean Favier) En 1305, Bertrand de Got devient pape et prend le nom de Clément V. En 1306, Philippe le Bel confisque les biens des juifs. Comme ses prédécesseurs, Clément V souhaite une réforme des ordres militaires afin que sa chrétienté dispose d’une force cohérente et permanente pour la Croisade. A cette fin, il convoque Jacques de Molay pour étudier les voies d’une fusion des 4 ordres : Templiers, Hospitaliers, Teutoniques et Calatrava. Jacques de Molay quitte Chypre où il séjourne. Durant l'été 1306, le Grand Maître du Temple s’exprime devant le pape sur le projet de fusion estimant qu’une unification des ordres lui ferait perdre plus de prérogatives qu’elle n’apporterait de bénéfices à la papauté. La calomnie enflant, le Grand Maître demande au pape de prescrire une enquête le 24 août 1307. Le pape tergiverse ; Philippe le Bel confie la charge de Chancelier du Royaume à Guillaume de Nogaret le 23 septembre 1307. Le roi se lance alors dans un coup de force contre le pape.

L’arrestation

L'arrestation des Templiers est décrétée à Maubuisson le 14 septembre 1307 : tous les sénéchaux et baillis du royaume reçoivent l'ordre écrit de se tenir prêts et en armes pour le 13 octobre, délai nécessaire à l’acheminement des plis qui par ailleurs ne doivent être ouverts, sous peine de mort, que dans la nuit du 12 au 13 afin que l'opération demeure secrète. Une troupe doit être envoyée à l'aube dans chaque établissement templier afin de procéder aux arrestations. L’inventaire des biens sera dressé et des mesures seront prises pour que l'exploitation des domaines continue. Un interrogatoire sera ensuite mené avec recours si nécessaire à la torture. Des procès-verbaux seront établis. Les questions à poser sont rassemblées sous forme d'un interrogatoire type. Les réponses à obtenir sont formulées sous la forme de chefs d'accusation. Le 13 octobre 1307, dans toutes les provinces du Royaume, les Templiers sont arrêtés ; à Paris, Jacques de Molay et 140 Templiers connaissent le même sort.

Les accusations

D’octobre à novembre, à Paris, le procès instruit par le Grand Inquisiteur de France, Guillaume Imbert, livre cent trente-huit prisonniers aux tortures de l’Inquisition. Ceux-ci sont accusés de s’être rendus coupables d'apostasies, d'outrages à la personne de Christ, de rites obscènes, de sodomie, d'idolâtrie et de goétie, c'est-à-dire de magie incantatoire évoquant les esprits malfaisants. L'Inquisition doit étayer l'acte d'accusation par des aveux et tous les moyens sont bons pour les obtenir. Trente-six templiers meurent dans les supplices. Jacques de Molay, sans doute pour protéger ses frères, passe aux aveux sans avoir été torturé et dans une lettre conseille à chacun de suivre son exemple. Le 22 novembre 1307, le pape Clément V qui ne croit pas à la culpabilité des Templiers entreprend d’effectuer sa propre enquête. Le roi lui livre soixante-douze templiers mais aucun dignitaire. Le Pape apprend ainsi que les aveux ont été obtenus dans des conditions atroces par les Inquisiteurs. De son côté, Jacques de Molay au moyen de tablettes circulant parmi les Templiers emprisonnés, invite ceux-ci à revenir sur ces aveux arrachés par force et par contrainte. En février 1308, Clément V qui souhaite se réserver l'affaire retire ses pouvoirs à l'Inquisition, ce qui équivaut à l'annulation de toute la procédure. Philippe le Bel réagissant, le pape ne peut que faire marche arrière. Le 12 août 1308, par la bulle Faciens miséricordiam il rétablit les pouvoirs des tribunaux ecclésiastiques et redéfinit les accusations portées contre le Temple, fort voisines des précédentes. En novembre 1309, à Paris, Jacques de Molay comparaît une première fois et en mai 1310, les Templiers commencent à organiser leur défense. A partir du 7 avril 1310, une bataille juridique commence entre Pierre de Bologne, porte-parole de l'Ordre et les commissaires chargés du jugement. Bologne exige qu'aucun des hommes du roi ne participe aux interrogatoires et qu'on cesse de faire pression sur ceux qui veulent défendre l'Ordre. Il insiste en outre sur le fait que les mensonges perpétrés contre les Templiers ne le sont qu'en France. Bologne disparaît. Les commissaires sont ébranlés dans leurs convictions malgré les rappels à l'ordre de Nogaret. Philippe de Marigny, frère de l’Argentier du royaume, est alors nommé archevêque de Sens et prend en main le jugement de l'Ordre. A la suite de Concile de Sens, cinquante-quatre sont immédiatement brûlés et à Paris, cinquante-neuf des cent quarante Templiers arrêtés montent sur le bûcher. 573 Templiers rétractent leurs aveux et pour la plupart sont remis en liberté.

La dissolution de l’Ordre du Temple

Le 5 juin 1311, dans l'abbaye de Maubuisson, la commission pontificale en séance de clôture remet à Clément V les délibérés ainsi que les procès-verbaux concernant les procès des templiers qui se sont simultanément tenus en Allemagne, en Angleterre, au Portugal, en Italie et en Aragon. Les frères d’Irlande et d’Ecosse n’ont rien confessé. A Londres beaucoup se sont déclarés coupables et ont été livrés au bras séculier. A Salamanque, ils sont déclarés innocents. Ceux de Mayence sont acquittés et ceux de Provence arrêtés et plusieurs brûlés. En octobre 1311, le pape réunit le Concile à Vienne. Le dossier est aussi volumineux que contradictoire, les évêques ne sont pas tous français et les conclusions des commissions étrangères divergent singulièrement de celles de Paris. Philippe le Bel commence par adresser aux prélats réunis une lettre exigeant l'abolition de l'Ordre du Temple et le transfert de ses biens à un autre ordre de chevalerie, puis se rend en personne à Vienne le 20 mars 1312 escorté par une troupe conséquente. Impressionné, Clément V fait approuver la dissolution de l'Ordre le 22 mars, décision qui sera entérinée en avril 1312. Le 2 mai, par la bulle Ad providam Christi Vicarii, le pape attribue tous les biens du Temple aux Hospitaliers, exception faite des commanderies d'Espagne et du Portugal. Le roi obtient 200 000 livres de dédommagement. Reste à se prononcer sur le sort des hauts dignitaires, Jacques de Molay et ses grands prieurs, incarcérés depuis octobre 1307. Le roi souhaite obtenir la confirmation solennelle de leurs fautes. Guillaume de Nogaret meurt en avril 1313. Le 18 mars 1314, Jacques de Molay et les dignitaires Hugues de Pairaud visiteur général de l'Ordre, Geoffroy de Charnay précepteur de Normandie et Geoffroy de Gonneville commandeur d'Aquitaine sont amenés sur le parvis de Notre-Dame de Paris pour entendre le verdict du procès. Ils sont condamnés à la prison à vie. En entendant cette sentence qu’ils jugent iniques, Jacques de Molay d’abord, puis Geoffroy de Charnay se mettent à haranguer la foule pour protester de leur innocence et de celle de leur Ordre, déclarant que leurs aveux leur ont été soutirés et criant à la machination. Ils sont aussitôt déclarés relaps et un bûcher est dressé sur l'île aux Juifs où ils seront conduits vers la fin de la journée. Les deux condamnés ne se rétractent pas, clament une fois de plus leur foi en Dieu et l'innocence de l'Ordre et meurent en assignant le pape Clément V et Philippe le Bel à comparaître devant le tribunal de Dieu avant la fin de l'année. Clément V meurt le 20 avril 1314 et Philippe IV le Bel le 29 novembre 1314. La légende des Templiers en sort renforcée.

Légendes posthumes et mystères

Tant la disparition brutale de cet ordre et son inertie lors des arrestations que les chefs d’accusations portés contre lui ou la brutale disparition de ses bourreaux dans les mois qui suivent son extinction, tant ces rituels d’intronisation tenus secrets que ce fabuleux trésor sur lequel tant a déjà été écrit, tout a contribué à alimenter une légende qui s’est nourrie au cours du temps.

1. Absence de résistance lors de l’arrestation

La première interrogation porte sur l’absence de résistance offerte par les Templiers lors de leur arrestation en masse le 13 octobre 1307. Celle-ci a été programmée un mois plutôt et concernent plusieurs centaines d’hommes dont beaucoup sont des soudards, des baroudeurs, des soldats qui ont connu le fer et le sang, parfois la prison et la torture. Pourquoi dans aucune de ces maisons, dans aucune de ces commanderies n’y a-t-il eu la moindre révolte ? Dans cette nuit du 12 au 13, ils se laissent cueillir et emprisonner sans broncher. De même pour ce qui concerne ceux qui procèdent à leur arrestation : le pli cacheté qu’ils ne peuvent ouvrir sous peine de mort qu’à la dernière minute, contient cette accusation terrible portée par Philippe IV le Bel contre l’Ordre : "Cette engeance (les Templiers) a abandonné son créateur, elle s'est séparée de Dieu qui lui a donné le jour, oublié le seigneur sacrifié aux démons et non à Dieu, cette engeance sans conseil et sans prudence et plut à Dieu qu'elle le sentit, comprit, prévit ce qui vient d'arriver." Les Templiers sont-ils à ce point abhorrés ou l’ordinaire des gens d’armes sont-ils à ce point crédules ? Soumission, lâcheté généralisée de part et d’autre sont des explications trop simplistes pour être acceptées. La propagande royale par contre est parfaitement organisée : dès le 14 octobre 1307, un manifeste est diffusé dans les rues de Paris rendant publiques les accusations portées par l'ordre d'arrestation . Et le clou est enfoncé le lendemain 15 octobre où des frères prêcheurs et des officiers royaux se répandent dans les jardins du Palais et dans la Cité parisienne pour exposer aux 'bonnes gens' les motifs de l'arrestation.

2. La règle et le silence

Les Templiers obéissaient-ils à une règle secrète ou celle-ci relève-t-elle de l’affabulation et de la légende ? Bien malin qui peut répondre. Mais là encore des questions demeurent en suspens. Ce que l’on sait c’est que si une telle règle existait, elle n'existait pas à ses débuts : son apparition au sein de l'ordre demeure donc un mystère. Lors du procès, plusieurs Templiers mentionnent l'existence de cette seconde règle, tenue secrète. Le Templier Gaucerand de Montpezat va jusqu'à dire : "Nous avons trois articles que nul ne connaîtra jamais, hormis Dieu, le diable et les maîtres." En demeurant dans le conditionnel de ce présupposé, il semblerait que la règle à l'origine de l’Ordre ait été conservée, en façon de relique, en quelques exemplaires auxquels seuls les hauts dignitaires avaient accès. On se contentait de la résumer aux simples chevaliers. Pour les âmes simples, cela ressemblait à un secret. Lavisse, historien du début du 20ème siècle, assurait que " la règle n'existait qu'à un petit nombre d'exemplaires et sa lecture était réservée aux seuls dignitaires, beaucoup de templiers n'en ayant jamais eu connaissance. " La police de Philippe le Bel ne réussit jamais à mettre la main sur le texte de cette règle secrète. Au 19ème siècle, l'érudit allemand Mertzdorff fut convaincu de l'avoir retrouvée à Hambourg, dans les archives d'une loge maçonnique et la publia en 1877. Selon ce document, il y aurait eu au sein de l'ordre du Temple trois degrés d'initiation : les simples frères, les élus et, au sommet, les consolés. Très proche du catharisme. Ce sont les rites initiatiques qui sont essentiellement mis en cause : il semble que partout où l’on recueille les "aveux" des frères du Temple, il y ait eu comme une sorte d’unanimité répétitive. C’est cette répétition uniforme dans tous les pays de la Chrétienté arrachée par la torture ou librement confessée qui participe à ce que l’on nomme " le mystère des templiers ". Antérieurement et à de nombreuses occasions, des Templiers prisonniers des infidèles, avaient accepté de mourir sous la torture en refusant d’abjurer leur foi. Dans ce nouveau contexte, persécutés par l’Inquisition, ils reconnaissent tout ce dont on les accuse : cette faiblesse parait inexplicable. La torture ne suffit pas non plus à expliquer les contradictions des déclarations des Templiers lors de leur procès. Dans certains pays comme l'Ecosse et le Portugal, où les souverains étaient favorables au Temple, certains Templiers bien que n’étant pas torturés, reconnurent l'existence de rites étranges. Les accusations contre les Templiers ont-elles été entièrement forgées par Nogaret ou bien cette persécution repose-t-elle sur des bases réelles ? Le mystère subsiste. Ce que montre ces contradictions, c'est qu'il existait, semble-t-il, au sein de l'ordre du Temple des pratiques, une doctrine et peut être même une hiérarchie secrète dont on ne donnait connaissance qu'à certains frères triés sur le volet.

3. Pratiques sexuelles et Baphomet

Paradoxalement l'esprit de tolérance acquis par les Templiers en Terre Sainte va se retourner contre eux. Un frère aurait déclaré : "Les croyances des païens valent bien les nôtres". Est-ce là début d’hérésie ? Mais plus que tout, ce sont les criminels mystères dont les Templiers entourent la réception des nouveaux membres dans le secret de leurs Commanderies si rigoureusement fermées aux profanes qui jouent contre eux. L’intronisation se fait la nuit en des lieux retirés, clos, gardés par des hommes en armes. Lorsque plus tard on demandera au précepteur d’Auvergne : « Pourquoi ce secret si l'on ne faisait rien de mal ? », il répondra : "Par bêtise". Cette bêtise que l’on retrouve dans les propos de certains frères templiers, plus frustres que les autres qui déclarent hautement aux profanes : "Les frères tueront quiconque assistera aux chapitres, fût-ce le roi." On prétend encore que des chevaliers, ayant menacé l'Ordre de révélations publiques, auraient mystérieusement disparu. Et court la légende ! Mais revenons sur cette intronisation. Les questions des Inquisiteurs sont précises : Comment les frères ont-ils été reçus au temple ? Les a t-on, après la cérémonie, emmenés derrière l'autel où ailleurs contraints de renier le Christ par trois fois et de cracher sur la croix ? Les a t-on ensuite dévêtus et baisés au bas de l’échine, sous la ceinture sur le nombril et en la bouche ? Puis invités à pratiquer la sodomie ? Puis ceints, d’une certaine cordelette ayant touché certaine figure diabolique adorée par les anciens et les dignitaires ? Les chapelains omettent-ils à dessein de sacrer par le corps de notre seigneur (pratique cathare) ? On retrouve là tous les chefs d’accusation. Parmi ces accusations, les déviances spirituelles ne sont pas les moindres : les Templiers se livrent à la sorcellerie, évoquent les démons, ont pactisé avec le diable afin d’augmenter leurs richesses et de satisfaire leurs ambitions illimitées. C’est là qu’apparaît la figure emblématique du Baphomet, déformation de Mahomet. Ce nom toutefois n'a jamais été prononcé ni par les Templiers, ni par leurs accusateurs. Seul l'adjectif baphométique apparaît dans une citation de Gaucerand de Montpezat lors de son procès : il dit avoir adoré une "image baphométique ". La plupart des Templiers nie pourtant avoir eu connaissance de cette idole, et ceux qui l’admettent ne s’accordent pas sur sa description : ils parlent de tête rouge ou noire, en bois ou en métal précieux, tête d'homme à grande barbe, tête à deux ou trois faces. Le Templier Raoul de Gisy déclare : " C'était une méchante chose, ressemblant à un démon ; ayant jeté les yeux sur cette tête, j'en fus à ce point épouvanté que je ne savais plus où j'étais." Les pseudo commentateurs apocryphes abondent eux en détail : « Les Templiers dans leurs chapitres généraux adoraient une tête de bois doré, qui avait une longue barbe, des moustaches touffues et pendantes ; à la place des yeux brillaient deux grosses escarboucles étincelantes comme du feu… » Ou encore « Chaque chapitre en possédait une image : c'était une tête humaine à longue barbe blanche, ayant en la place des yeux escarboucles reluisantes comme la clarté du ciel, avec un crâne humain et une peau humaine ; certaines de ces idoles étaient à trois faces et montées sur quatre pieds ; une fut saisie au Temple de Paris.» Devant ces contradictions, certains historiens ont conclu qu'on avait fait dire aux Templiers n'importe quoi et que la fameuse tête de Baphomet n'était qu'une invention des accusateurs. Baphomet d'après l'abbé Constant (Eliphas Levi) Mais, quand bien même on admettrait que les Templiers se soient livrés, lors de leur initiation, à un cérémonial compliqué, étrange, condamnable, certainement ces êtres simples ne l’accomplissaient pas dans un esprit hérétique.(Jean Favier) Le mystère du Baphomet reste toujours irrésolu de nos jours.

4. Cryptographie et mystique des nombres

L’Ordre du Temple dès sa création a pour objectif de protéger les pèlerins qui à peine sur le sol de Palestine se font dépouiller de leurs biens et de leur vie. Lorsque les Templiers deviennent une puissance d’argent, lorsque les commanderies deviennent des banques sans égales dans l’Europe chrétienne - jusque-là, seuls les Juifs et les Lombards s'occupent d'administrer et de transférer des fonds qui s’opèrent en numéraire sur des routes peu sûres - les Templiers innovent en instituant la lettre de change et le chèque tiré sur dépôt permettant aux pèlerins de voyager sans transporter d'argent. L'argent ne voyage plus : lorsqu'un chevalier fait un dépôt dans l’une des neuf mille commanderies d’Europe, un reçu portant le sceau des Templiers lui est remis. Il peut alors le présenter dans n'importe quelle autre commanderie pour récupérer son versement prélevé d’une commission. L’extrême dispersion des commanderies facilite considérablement ces opérations. Les Templiers chiffrent les lettres de crédit qu'ils mettent en circulation entre leurs commanderies. Leur alphabet crypté est déduit de la croix des huit béatitudes qui constitue l'emblème de l'ordre. La croix des huit béatitudes Le chiffre des templiers Les Templiers sont passés maîtres dans l'art de la cryptographie. Au cours du procès, le précepteur du Temple de Nemours révèle qu'il a "instruit plus de 400 frères dans les écritures secrètes" pour protéger le secret des opérations commerciales et bancaires mais aussi en signe de reconnaissance. Selon une doctrine qui avait court bien avant les Templiers, le nombre est le principe de l'être sur les plans divin, naturel et humain. Les Templiers sembleraient partager cette approche. « Dés le départ, ils se sont placés sous le signe du nombre 3, symbole du mystère de la Trinité, qui au carré donne 9, nombre de l'accomplissement. Les fondateurs de l'ordre étaient au nombre de 9, ils se vêtirent de leurs habits religieux au bout de 9 années et le nombre de leur province fut fixé à 9. » Le symbolisme des nombres est forcément associé à celui des figures. Si le triangle équilatéral reparaît dans de nombreuses figures laissées par les Templiers, certains commentateurs oublient que l’association inversée de deux de ces figures représente l’étoile de David appelée encore le sceau de Salomon. Et le Temple de Salomon est à l’origine de l’Ordre ! Eglise de la rotonde du Temple de Paris La légende du sceau de Salomon, de ce sceau miraculeux confié au monarque par Dieu, est commune aux traditions juives, chrétiennes et musulmanes. Ancré dans la terre mais atteignant les cimes paradisiaques, le sceau de Salomon symbolise l’harmonie des contraires, reflète l’ordre cosmique, les cieux, la trajectoire des astres, le flux perpétuel entre le ciel et la terre, entre l’air et le feu. Il incarne la sagesse surhumaine et la monarchie de droit divin. (Extraits du catalogue de l’exposition (en arabe, hébreu et anglais), traduits et adaptés par A.M.S) MFAH0

5. Malédiction et morts suspectes

La légende est riche ici sans qu’on sache si elle a rejoint l’Histoire ou s’en est inspiré. On a prétendu que, depuis son bûcher, le Grand Maître avait invectivé Clément V et le roi et les avait assignés à comparaître devant le tribunal de Dieu dans l’année. On a même parlé d’une malédiction sur sa descendance.

Légendes et histoire

Quelques jours après la mort de Jacques de Molay, une nuée de corbeaux se juche sur les toits du Palais Royal : mauvais présage de mort ! Quelques semaines après, éclate le scandale de la Tour de Nesle : les deux belles-filles du roi, Marguerite et Blanche, reçoivent leurs amants à l’intérieur même du palais : scandale à la Cour, mort des pécheurs ! Clément V décède le 20 avril 1314, Philippe le Bel le 29 novembre : l’année en cours ! En 1315, Marigny est pendu. Les deux dénonciateurs de l'Ordre du Temple connaissent une fin tragique : l'un est pendu par arrêt de justice, l'autre trouvé égorgé. Gérard de Laverna et Bernard Palet, principaux témoins de l'accusation, seront pendus. Toutes ces morts sont considérées par la postérité (les contemporains ?) comme la juste vengeance post-mortem des Templiers.

6. Le trésor des Templiers

Le pape confie une partie des biens des Templiers à l'Ordre Hospitalier de Saint Jean de Jérusalem, mais leur trésor jamais ne sera retrouvé. Sur les 15 000 frères du Temple, nombreux sont ceux qui sont déjà décédés en 1314 ou meurent les années suivantes dans les geôles. Les réconciliés sont admis chez les Hospitaliers, d'autres passent les Pyrénées et trouvent asile dans les commanderies espagnoles et portugaises où ils prennent le nom de Milice du Christ. Le rapport d'Alain de Pareilles, chef des archers du roi, rendu à Guillaume de Nogaret et l’état remis à Enguerrand de Marigny – tous deux figurant aux Archives Nationales – indiquent que pratiquement rien n’a été retrouvé au Temple de Paris. Une déclaration faite par le Templier Jean de Châlon, du Temple de Nemours, en juin 1308 devant le Pape révèle que la veille de l'arrestation des Templiers, un cortège de trois chariots couverts de paille et une cinquantaine de chevaux ont quitté le Temple de Paris sous la conduite de deux Templiers, Hugues de Chalons et Gérard de Villers, le précepteur de France (dont les archives d’Hesperange au Grand Duché conserveraient traces du passage). On peut imaginer tout ce qu’on veut y compris que ces chariots étaient chargés d'archives et d'or, les 50 chevaux étant destinés à remplacer ceux qui étaient épuisés par un long voyage. Par ailleurs, les navires de l'Ordre en mouillage à La Rochelle quittent leur port d'attache, pour une destination inconnue. Lorsque la milice du roi arrive à La Rochelle, l'immense flotte a disparu. On peut supposer que les chariots qui ont quitté le Temple de Paris au soir du 12 octobre 1307 se sont dirigés vers le nord de la France pour charger leur cargaison sur les bateaux en provenance de La Rochelle et disparaître. L'existence d'un supposé trésor des Templiers a suscité bon nombre de supputations :

Il serait enfoui dans le château de Gisors en Normandie.

Voici un extrait de ce que l’on trouve sur ce site : Gisors « La motte sur laquelle est construite le château est-elle creuse ? Des fouilles officielles ont été effectuées au sommet de la motte sur ordre de M. André Malraux, alors ministre de la Culture; leur but était, non seulement de mettre fin aux rumeurs de découverte d'une crypte, mais de procéder à des travaux de consolidation du donjon. Ce donjon repose sur des petites fondations, souvent inférieures à 1 mètre. La stabilité du donjon avait été ébranlée par des investigations non autorisées de chercheurs parfois un peu illuminés. Le donjon avait commencé à se fendre en deux. Le puits écroulé par les chercheurs sera comblé à cette époque; depuis le donjon a été consolidé. Le donjon repose sur une quinzaine de piles de béton qui vont chercher le sol stable à 27 mètres de profondeur. Hélas pour ceux qui rêvent de trésor, les piliers n’ont traversé aucune salle ou crypte enterrée : la motte du château de Gisors n'est pas creuse ! Vérité objective ou officielle ? »

Il serait en relation avec le mystère de Rennes le Château.

La collusion entre la soudaine richesse de l’abbé Saunière et le trésor des Templiers a amené de nombreux chercheurs amateurs ou professionnels sur le site, mais jusqu’alors les fouilles n’ont rien donné : (Rennes-le-chateau)

Il serait enfoui dans le château d’Arginy

(voir aussi ci-dessous la filiation Beaujeu) « L'intérêt suscité par Arginy en ce qui concerne le trésor du Temple est lié au maître Guillaume de Beaujeu, membre de la famille à laquelle appartenait le domaine du 13ème au 14ème siècle. Guillaume de Beaujeu, comme l'indique notamment Dupuy dans son "Histoire des Templiers" de 1653, avait d'abord été enseveli à Saint-Jean d'Acre. Puis ramenée en France, sa dépouille avait été déposée dans l'enceinte du Temple de Paris. A-t-elle pris ensuite le chemin d'Arginy grâce à Guichard de Beaujeu ? C’est ici que le mystère commence, et que la course au trésor est lancée. Cette course au trésor, remonterait à la fin du 15ème siècle : Anne de France (Anne de Beaujeu) fille de Louis XI, fit effectuer des fouilles dans les souterrains du château avec l'espoir d'y retrouver le trésor des Templiers. Ses recherches, rapporte la tradition, s'achevèrent tragiquement. Un de ses ouvriers, qui était descendu dans un souterrain, poussa soudain un cri effroyable que perçurent ses camarades demeurés à l'air libre. L'homme ressortit néanmoins de la galerie, environ un quart d'heure plus tard, il marchait comme un automate, avec son crâne broyé d'où s'échappaient des lambeaux de cervelle. Parvenu devant ses compagnons, il écarta les bras et tomba enfin. Ceux-ci palpèrent son corps déjà froid et, constatant cette dernière "diablerie", refusèrent de reprendre le travail pour s'enfuir, épouvantés. » Des recherches entreprises dans les siècles suivants débouchèrent fréquemment sur des morts violentes. De quoi conforter le mystère et la légende. (Arginy) La liste des lieux ou commanderies où se trouverait le trésor a été recensée sur ce site : templis.free. Car bien d’autres lieux en effet ont eu cette réputation de dissimuler le Trésor : Juillé, dans la Sarthe : le trésor déposé là aurait été ramené de l'îlot forteresse de Rouad, en Syrie, après que les Croisés eurent été chassés de Terre Sainte, augmenté encore de l'or que Guillaume de Beaujeu aurait rapporté de ses mystérieux voyages maritimes en terres inconnues, quand il n'était encore qu'un simple chevalier. L'île du Carney, canton de Fronsac en Aquitaine où les bateaux faisaient quarantaine et où se dressait une chapelle templière disparue depuis. En 1308, Anglais et Français en guerre se disputaient le château de Cadillac et les Templiers avaient également la gestion des carrières de pierres dont l'endroit regorge. Une légende datant de cette époque rapporte qu'un trésor aurait été caché à Villegouge ou à Izon, villages à 3 kilomètres environ de l'île du Carney mais dans des directions diamétralement opposées. Valcros, la vallée de la Croix en provençal, dans le Verdon : dans la construction souterraine du vieux château qui date du 11ème siècle, se serait trouvé le trésor des Templiers, le saint et la vérité en indiquant le chemin : à l'intérieur de la chapelle se trouve effectivement une inscription Veritas quant au Saint sa représentation date du 18ème !

7. Légendes sur la survivance du Temple(le-gigan)

La fin de l'Ordre du Temple fut si brutale que d’aucuns imaginèrent qu’il se prolongea après sa dissolution en 1314. Un certain nombre de Templiers ayant survécu, d’aucuns n’hésitèrent pas à supposer que Jacques de Molay transmit son titre avant sa tragique fin.

1. Le filiation de Beaujeu Le document Schiffman (dont la véracité est loin d’être certifiée) rapporte que Jacques de Molay, désespéré devant l'iniquité du procès, fit venir près de lui, quelques jours avant son supplice, le comte François de Beaujeu, son neveu, "qui depuis longtemps avait témoigné une vocation décidée pour entrer dans l'Ordre", "l'initia aux mystères" et lui tint des propos obscurs. Le document précise alors : "Dès que Jacques de Molay fut expiré, Beaujeu se mit en devoir de s'acquitter de ses engagements. Il s'assura 9 chevaliers, restes infortunés échappés aux fureurs de la persécution et aux terreurs des supplices ; il mêla son sang avec celui de ses frères et fit vœu de propager l'Ordre sur le globe tant qu'il se trouverait neuf architectes parfaits. Il alla demander au roi Philippe la permission d'enlever du tombeau des Grands Maîtres le cercueil du Grand Maître Beaujeu son oncle paternel prédécesseur de Molay et l'ayant obtenue, il descendit avec ses frères dans le tombeau des Grands Maîtres et fit emporter le cercueil, qui au lieu des cendres de son oncle renfermait la caisse d'argent, dont il a été fait mention. Il fit enlever aussi les trésors contenus dans les deux colonnes et transporter, le tout en lieu de sûreté."

2. La filiation d'Aumont Une autre légende veut qu’au soir du 18 mars 1314, Pierre d'Aumont, précepteur d'Auvergne et sept autres chevaliers déguisés en maçons aient récupéré les cendres de Jacques de Molay et crié les mots "Mac Benach" en jurant de venger l'Ordre. Aumont se serait alors réfugié en Ecosse, sur l'île de Mull, et succédant à Beaujeu, il aurait été désigné comme nouveau Grand Maître de l'Ordre le 24 juin 1315. Pierre d'Aumont paraît aux côtés du roi Robert Bruce dans sa lutte contre les Anglais. Ce noyau de Templiers serait à l'origine de la constitution de la loge maçonnique Heredom ou "Sainte Maison".

3. La filiation Larménius Cette légende propagée par l'abbé Grégoire raconte que Larménius, commandeur de Jérusalem, aurait été désigné par Molay comme futur Grand-Maître. L'Ordre serait alors resté dans l'ombre jusqu'en 1808 avec la résurgence officielle orchestrée par Fabre-Palaprat. Il est pensable que certains Templiers ont cherché refuge en Ecosse après 1307 comme indiqué précédemment. Bernard Raymond Fabre-Palaprat prétendit avoir retrouvé un document la “Carta Transmissionis” ou Charte Larmenius, qui était une liste des Grands Maîtres ayant succédé à Jacques de Molay, prétendant qu’il avait transmis les rênes de l’ordre à John Mark Larmenius. Etait-ce document authentique ou duperie inventée par Palaprat et ses acolytes pour apporter de la crédibilité à l’ordre des Neo-Templiers ? “Prior to his martyrdom in 1314 Grand Master Jacques de Molay invested Jean-Marc Larmenius with his powers. Larmenius was unanimously recognized as the new Grand Master following De Molay’s death. He gathered together the dispersed remnants of the Order and in 1324 gave the Order the Charter of Transmission. This Charter is still one of the governing documents of the Present Order.” Il semble pourtant que cette thèse soit sans fondement et basée sur des faux.

4. La filiation de Geoffroy de Gonneville Après le martyr, Geoffroy de Gonneville commandeur du Poitou et d'Aquitaine évadé du château de Chinon, réunit à Spalato en Dalmatie un chapitre composé de chevaliers rescapés du massacre. Durant quatre ans, de Gonneville ayant déclaré que l'Ordre resurgirait 650 ans plus tard, ils préparent la mission future de l'Ordre en respectant des règles très précises. Nulle part ailleurs que dans le cadre de cette légende, il n’est question que quiconque se fut échappé du château de Chinon.