Sceau Allemand en bronze du 12ème siècle.

52mm, 116 gr

Schätzpreis/Estimate : 200 000 euros

von Friedrichs Barbarossas - 1157. (à la Devise de Frédéric 1er BARBEROUSSE). Test au Carbonne 14 réalisé sur la peinture.

Pour la petite histoire, CHARLEMAGNE et BARBEROUSSE portaient l'un au ceinturon, l'autre avec lui, la pointe de lance de Longinus,

Für die kleine Geschichte trugen KARL DER GROSSE und BARBAROSSA einen im Koppel, anderes mit ihm, der Spitze von Lanze von Longinus

For the footnotes of history, CHARLEMAGNE and BARBEROUSSE carried the one in the belt, the other one with him, the point of lance of Longinus.

Château de la ville de Nuremberg, deuxième ville de Bavière derrière Munich.

Poids 116.1 Grammes, diamètre 52mm, bronze, traces de peinture verte sur le dessus, et languette de manipulation de 18mm.

Une légende en caractères gothiques, typique de l'Allemagne, entoure le château Cette légende est en latin médiéval du 12ème siècle : TATEM METUS ... TASSE NEIS ... CIUS FENS, sauf erreur, ce qui semble signifier : Si tu as offensé par plaisir , soit habité par la peur.

Origine du Sceau : Vente en première de couverture ALBUQUERQUE, CABINET NUMISMATIQUE (France - Rouen) 1998.

Le château imposant a été pendant des siècles la résidence préférée de tous les empereurs allemands, comme par exemple Frédéric Barberousse et Charles IV.

Porche d'entrée du château avec pont-levis , entouré de deux tours de remparts. Remparts circulaires en pierre avec chemin de ronde. Château présentant un édifice central très haut avec toit et fenêtres, entouré de deux fines tours de guet sur la façade avant. Deux groupes de deux tours, une couverte et une à créneau entourent le bâtiment principal.

Le Saint Empire romain germanique ou Saint Empire romain de (en) nation germanique (en allemand Heiliges Römisches Reich Deutscher Nation , en latin Sacrum Romanorum Imperium Nationis Germanicæ ) était un regroupement politique des terres d'Europe occidentale et centrale duMoyen-Âge. L'adjectif saint n'apparaît que sous le règne de Frédéric Barberousse - attesté en 1157.

 

Ci-dessus vue du 14ème siècle, ci-dessous restes du château en 1930, avant le bombardement Américain.

Deutsches Siegel aus Bronze des 12. Jahrhunderts, 52mm. Schloß der Stadt von Nürnberg, der zweiten Stadt von Bayern hinter München.
Gewicht 116.1 Gramme, Durchmesser 52mm, Bronze, Spuren auf grüne Malerei auf der Oberseite, und Bedienungszünglein 18mm.

Eine gotische Sage in den Zeichen, die für Deutschland typisch ist, umgibt das Schloß, Diese Sage ist im mittelalterlichen Latein des 12. Jahrhunderts: TATEM METUS... TASSE NEIS ... CIUS FENS, Irrtum vorbehalten, was zu bedeuten scheint: wenn du aus Vergnügen beleidigt hast, ist durch die Angst bewohnt.

Ursprung des Siegels: Verkauf in der Deckungspremiere ALBUQUERQUE, NUMISMATISCHEM KABINETT (Frankreich - Rouen) 1998.

Das eindrucksvolle Schloß ist während Jahrhunderte der vorzogen Wohnort aller deutschen Kaiser, wie zum Beispiel Friedrich Barbarossa und Charles IV.

Eingangsportalvorbau des Schlosses mit Zugbrücke, die mit zwei Türmen von Befestigungsanlage umgeben ist. Kreisförmige Befestigungsanlage im Stein mit Wehrgang. Schloß, das ein sehr hohes zentrales Gebäude mit Dach und Fenstern vorstellt, mit zwei feinen Aussichtstürmen auf der Fassade vorher umgeben ist. Zwei Gruppen von zwei Türmen, einer Glasur und einer in Zinne umgeben das Hauptgebäude.

Das Heilige Römische Reich Deutscher Nationen oder Heiliges römisches Reich der germanischen Nation (auf deutscher Sprache Heiliges Römisches Reich Deutscher Nation im lateinischen Becken Romanorum Imperium Nationis Germanicæ) war eine politische Gruppierung der Ländereien zentralen und westlichen Europas des Mittels-Alters. Das heilige Adjektiv scheint nur unter der Regierung Friedrichs Barbarossas - 1157 bestätigt.


Les Hohenstaufen

A sa mort, son neveu Frédéric 1er Barberousse (1122-1190) le remplace. En 1154, il se fait reconnaître roi de Lombardie et un an plus tard se fait couronner empereur. Il veut imposer son autorité à la papauté. Celle-ci veut imposer la sienne à l’empereur. D’où un conflit. Frédéric Barberousse soutient plusieurs antipapes afin de contrer l'autorité du pape légitime. Le conflit se termine en 1183 avec la paix de Constance, suite à la défaite de l’armée impériale à Legnano, où le royaume de Lombardie accède à l’autonomie et où Frédéric Barberousse reconnaît Alexandre III (1105-1181) comme pape. Frédéric 1er incorpore la Pologne et la Bohême à l’Empire. Et il fait des marches d’Autriche un duché. Dans le royaume de Germanie, les choses aussi évoluent. Les ministériaux se substituent aux niveaux politique et admnistratif au système de l'Eglise d'Empire. "Les ministériaux constituent une particularité de l'histoire sociale allemande: il s'agissait de serviteurs initialement non libres, que leurs compétences finirent par assimiler à la petite noblesse"(7). Les 5 duchés originels ou ethniques qui composaient le royaume sont désagrégés en une multitude de principautés. A la place des ducs ethniques apparaîtra une nouvelle couche aristocratique: celle des princes d'Empire (Reichfürsten), vassaux directs du roi, qui recevaient, lors de l'investiture, un étendard (pour les princes laïcs) ou un sceptre (pour les princes ecclésiastiques)[...] On comptait initialement seize princes laïcs (ce chiffre sera ultérieurement fortement augmenté) et environ quatre-vingt-dix princes ecclésiastiques"(8). "Le concordat de Worms donnait à l'empereur la possibilté d'exercer une influence sur le choix de ces dignitaires; il en fit usage chaque fois que l'élection lui semblait suffisamment importante"(b). Pour en revenir à ce morcellement du royaume, il a pour but d'éviter l'hégémonie d'un ou plusieurs ducs sur les autres membres de l'aristocratie ou de chahuter la puissance impériale. "Cette volonté commune de ne pas tolérer la formation d'ensembles assez vastes pour être prédominants créait entre le souverain et les "grands" une évidente solidarité [...] Une bonne centaine de personnages de rang très élevé constituèrent un "Etat", dont les membres se réservaient le titre de princes. C'est en accord avec ce Reichsfürstenstand que Frédéric Barberousse assurait le gouvernement de l'Empire; les grandes décisions étaient prises au cours des Hoftage , des diètes , où les princes tenaient les premiers rôles; c'est à eux que revenaient l'application des décisions prises, en particulier en matière judiciaire, car ils détenaient le Blutbann, le droit de rendre la justice de sang; la répression des violations du Reichslandfrieden, de la "paix, dont Frédéric avait dès 1152 renouvelé les dispositions promulguées jadis par Henri IV, incombait aussi aux Fürsten"(c). Venaient ensuite dans l'échelle de la noblesse (l'Empereur occupe le premier rang, les princes, clercs et laïcs, les deuxième et troisième rangs), les comtes et, pour finir, les ministériaux qui peuvent se voir remettre un fief. Désormais la puissance de l'Empereur repose sur la féodalité mais ce système féodal donne aux princes une importance beaucoup plus significative que celui imposé dans leurs Etats par les Plantagenêts ou par les Capétiens. Frédéric Barberousse laisse son empire à son fils Henri VI (1165-1197) en 1189 et part faire un petit tour aux croisades . Il se noie en juin 1190 en Turquie.

Henri VI épouse Constance de Sicile, ce qui lui confère des droits sur la couronne de Sicile (c’est lui qui le dit, pas ses opposants). Une Sicile qu’il finit par conquérir en 1194. Je dois ajouter qu'Henri VI est le vilain empereur qui retient en otage le héros de mon enfance, Richard Cœur de Lion (1157-1199). Quand il meurt en 1197, son fils le futur Frédéric II (1194-1250) n’est pas en état de gouverner en raison de son jeune âge. Deux princes allemands se disputent l’Empire, Othon IV de Brunswick (1175-1218) sponsorisé par les Guelfes et Philippe de Souabe (1176-1208), managé par les Gibelins et frère du défunt Henri VI . Le Pape Innocent III couronne Othon IV empereur en 1209 puisque Philippe de Souabe a été assassiné l‘année précédente. Mais il l’excommunie en 1210 parce qu’il ne voulait pas exécuter la politique papale. Certains princes allemands prononcent sa destitution en faveur de Frédéric II en 1211. Mais Frédéric II n'est qu'un roi illégitime, un antiroi. Il faut attendre 1214, pour que la défaite de Bouvines oblige Otton IV à se retirer. Frédéric II prend seul les rênes de l’Empire en main. Il est couronné empereur en 1220.

Frédéric II entre très vite en conflit avec la papauté, se fait excommunié par deux fois. Ce qui ne l’empêche pas de participer à la sixième croisade et de reconquérir par la négociation, Jérusalem. Frédéric II tente de soumettre à nouveau les Lombards qui s'étaient rebellés contre son grand-père Frédéric Barberousse. Mais les Lombards sont coriaces et ils bénéficient de l'appui de la papauté. Frédéric II se voit contraint d'accorder d'énormes concessions aux princes d'Empire en Allemagne pour avoir la paix de ce côté-là. En 1220, il reconnaît "aux princes ecclésiastiques des droits régaliens et leur conféra d'importants privilèges (péages, frappe de monnaie, droit de tester librement) ainsi que les juridiction sur les villes situées dans leurs territoires"(9). En 1232, il reconnaît aux princes laïcs, les concessions faites en 1220 aux ecclésiastiques et accordait à l'ensemble des princes l'exercice de la quasi-totalité des droits régaliens dans leurs territoires: cela revenait à faire accéder les princes à une large souveraineté"(10). C’est sous son règne que l’Ordre des Chevaliers Teutoniques fondé en 1198 (existe depuis 1191 sous la dépendance des hospitaliers et sous l'appelation des Prieurs de l'Ordre teutonique) en Terre sainte va prendre une dimension nouvelle qui lui assurera par la suite la mainmise sur la Prusse. Grâce à l’influence de Herman von Salza (1170-1239), le grand maître de l’Ordre auprès de l’empereur, les Chevaliers Teutoniques obtiennent le même statut que celui des princes d’Empire.

Le dernier des Hohenstaufen à prétendre au trône est Conrad IV (1228-1254). Mais il a un concurrent. Guillaume de Hollande (1227-1256) s’est fait élire antiroi en 1148. Aucun des deux hommes ne se fera élire empereur. Il s’en suit un long interrègne qui se finit en 1273 avec l’avènement de Rodolphe 1er de Habsbourg (1218-1291) qui doit assurer son autorité par les armes. Les comtes de Habsbourg règnaient jusqu'alors sur des possessions en Suisse (notamment dans le canton d'Argovie où le château de Habichtsburg (château des vautours), construit dans les années 1020 donna son nom à la dynastie des Habsbourg) , en Alsace et en Souabe. Il est élu en 1273, mais il doit compter avec les oppositions de Alphonse X de Castille (1221-1284) et de Ottokar II de Bohême (1230-1278) qui revendiquent eux aussi le trône impérial. A la demande de la papauté, Alphonse X accepte de renoncer à l'Empire. En contrepartie, Rodolphe de Habsbourg s'engage à renoncer à tout règne sur Rome et les Etats pontificaux. Par contre, le champ de bataille devra décider entre Rodolphe de Habsbourg et Ottokar II de Bohême. La bataille de Dürnkurt en 1278, choisit Rodolphe de Habsbourg comme vainqueur même s'il ne sera jamais officiellement couronné empereur. Un Rodolphe de Habsbourg qui vient de conquérir sur le roi de Bohême, les duchés d'Autriche, de Styrie et de Carniole. Duchés qui appartiennent désormais à la Maison de Habsbourg.




L’avènement des Habsbourg

Les Habsbourg ne vont pas s’imposer aussi facilement que cela à la tête de l'Empire. Quand Rodolphe 1er meurt, Adolphe de Nassau (1250-1298) se fait élire roi de Germanie à la place de l’héritier Albert de Habsbourg (1255-1308), alors duc d‘Autriche. Il se fait couronner empereur en 1292. Dans le conflit qui oppose la France à l’Angleterre il s’allie à Edouard 1er (1272-1307) contre Philippe le Bel (1268-1314). Mais très vite, il s’aliène les princes allemands qui le déposent en juin 1298. Albert de Habsbourg le tue lors de la bataille de Göllheim, le 2 juillet 1298. Si le pape le reconnaît comme l’empereur officiel en 1303, il ne se fera jamais couronner. En 1308, son gentil neveu, Jean de Souabe, qu’il avait oublié sur son testament, l’assassine.

C’est Henri VII (1275-1313) de Luxembourg, qui se fait élire roi de Germanie. Il se fait couronner empereur en 1312. Il cherche à réconcilier les Guelfes et les Gibelins puisqu’il n’appartient à aucun des deux clans. En fait, il ne réussit qu’à durcir la querelle qui les oppose. A sa mort deux prétendants se disputent le trône, Frédéric le Beau de Habsbourg et Louis de Bavière (1287-1347) de la famille des Wittelsbach. Ils se font couronner le même jour roi de Germanie. En 1322, Louis de Bavière défait Frédéric le Beau. Il devient Louis IV de Bavière. Le pape refuse de cautionner ce nouvel empereur qui se fait couronner en 1328 par l’antipape qu’il a fait nommer. En 1338, lors de la diète de Rhense (diète= assemblée politique qui se réunit à la demande de l‘empereur), les princes allemands admettent que désormais l’empereur se passera de la papauté pour le couronnement.


Évidemment l’Église ne l’entend pas de cette oreille puisqu’elle fait élire, en 1346, du vivant de l’empereur en place, qui mourra l'année suivante, Charles IV de Luxembourg (1316-1378), roi de Bohême, et roi des Romains grâce au pape Clément VI (1291-1352) en 1346. Ce dernier rencontre une vive opposition dans l’Empire. Il ne parvient à s’imposer qu’en 1350. En 1355, il se fait couronner empereur. Et pourtant, lui, l’ancien candidat de l’Église (il n‘admet pas d‘être le jouet du pape), par la Bulle d’or de 1356, reconnaît que l’empereur sera désormais élu par 7 princes électeurs ( pratique effective dans les faits depuis le règne de Rodolphe 1er), et à la simple majorité, c'est-à-dire 4 voix. De plus, il se fera désormais couronné à Aix-la-Chapelle indépendamment de Rome. Le royaume allemand entend être un Etat à part entière, et souverain chez lui. Revenons un instant sur la composition de l’électorat chargé d’élire l’empereur, il ne comprend désormais plus que 3 électeurs ecclésiastiques: Archevêques de Cologne, de Mayence, de Bohême et 4 électeurs laïcs: roi de Bohême, duc de Saxe, Comte palatin du Rhin et margrave (prince dont la principauté avait été une marche) de Brandebourg. Ces 7 princes-électeurs forment une nouvelle caste au-dessus des autres princes d'Empire avec des privilèges encore accrus: indépendance judiciaire, dispense des taxes féodales envers le roi. Leur électorat devient indivisible et la succession se fait par primogéniture en ligne directe, si le prince est mineur (majorité = 18 ans) son oncle aîné vote à sa place. Le but de cette promotion des 7 électeurs est d'évincer les maisons concurrentes notamment les Maisons de Habsbourg ou de Wittelsbach. Les princes-électeurs étant devenus presque intouchables, ils n'ont plus de raisons de s'opposer au règne d'une dynastie sur les autres. Ce qui va s'avérer, mais en faveur des Habsbourg au détriment de la Maison de Luxembourg. "Le groupe des princes-électeurs s'imposa comme instance habilitée à participer au gouvernement et légitimée à agir au nom de l'Empire lorsque le souverain était faible ou absent . Très rapidement le prestige des princes-électeurs s'affirma: ils étaient avec le roi l'une des instances constitutionnelle du royaume [...] Dans un premier temps, la participation aux affaires du royaume fut réservée aux princes-électeurs dont les droits et privilèges étaient inscrits dans la Bulle d'or. Mais cette participation ne devait pas tarder à s'élargir aux princes d'Empire, fondant ainsi le dualisme qui caractérisa la constitution du Saint-Empire"(11).
Parallèlement à l'Empire, Charles IV est aussi roi de Bohême. Lui qui a séjourné en France et connaît parfaitement les rouages de la papauté décide d'en faire un Etat digne de ce nom. Il dote la Bohême d'une capitale, Prague, assortie d'un palais, d'une administration étatique et même d'une université. La réussite est telle que d'autres ducs comme Rodolphe IV de Habsbourg qui impose la ville de Vienne comme capitale de l'Autriche font de même dans leur principauté.
Charles IV est un virtuose de la diplomatie plus qu'un gestionnaire ou un réformateur, malheureusement, il ne peut améliorer le fonctionnement des services fiscaux de l'Empire (le problême est peut-être structurel). "Quand l'Angleterre donnait à son roi l'équivalent de 770 000 florins, la France plus de deux millions et demi au sien, l'empereur n'en avait que 150 000 à sa disposition [...] Comment ce souverain besogneux aurait-il pu créer de nouvelles institutions? celles qui existaient fonctionnaient au ralenti, même la chancellerie, dont le personnel était pourtant de qualité; la cour suprême traitait trente fois moins d'affaires que la parlement de Paris; il est vrai que les princes ne transmettaient que peu de dossiers à la juridiction impériale"(d). Ses successeurs immédiats vont se heurter aux mêmes difficultés financières que lui.


Son fils Wenceslas IV (1361-1419) lui succède. Il est déjà roi des Romains depuis 1376. L’Empire est en proie aux guerres qui opposent les nobles aux villes, c’est aussi le début du Grand schisme qui voit l’Église divisée entre les papes romains soutenus par le Saint-Empire, l'Angleterre et l'Italie et entre ceux d’Avignon sous influence française. Wenceslas décide d’établir sa capitale à Prague. Ce qui ne l’empêche pas d’être déposé en 1400 et remplacé par Robert du Palatinat à la tête de l’Empire.

A la mort de ce dernier Sigismond de Luxembourg (1368-1437), le frère de Wenceslas IV est élu empereur en 1411. Il ne sera couronné qu’en 1433. Il est à l’origine du Concile de Constance réuni en 1414 afin de clore l'épisode du Grand Schisme (un troisième pape avait été élu en 1409). "La chrétienté entière était confrontée au spectacle scandaleux de ces papes qui s'excommuniaient mutuellement et jetaient l'interdit sur les pays appartenant à l'obédience de leurs rivaux"(12). Il est aussi à l’origine de la condamnation comme hérétique du réformateur tchèque Jan Hus (1372-1415) et de son exécution. Disciple de l'Anglais John Wyclif (1328-1384), il prône le respect de l'Evangile et une réforme au sein de l'Eglise alors dicréditée par le Grand Schisme. Hus mort, le mouvement hussite lui survit et entre en guerre contre l'empereur Sigismond et la papauté. Le mouvement hussite va se scinder en deux clans: les taborites (radicaux) et les utraquistes, qu'on appelle aussi calixtins (favorables à des concessions vis-à-vis de l'Eglise catholique). Les taborites vont être défaits en 1434 lors de la bataille de Lipany par les catholiques alliés aux utraquistes. Les catholiques vont ensuite chercher à éliminer les utraquistes, mais en 1485, la papauté reconnaît en Bohême l'existence d'une Eglise hussite cotoyant une Eglise catholique presque marginalisée. On le voit Hus, a sacrément préparé le terrain pour d'autres réformateurs dont Luther (1483-1546) et Calvin (1509-1564).
Sigismond se propose aussi de mettre fin à la guerre de cent ans. Pour cela il prend le parti des Anglais en soutenant Henri V, le "roi d'Angleterre et de France" (nous sommes juste après Azincourt) en 1416. Autant dire que du côté de Charles VI (1368-1422) puis de Charles VII (1403-1431) on ne partage pas du tout cette conception des choses. Au sein de l'Empire, comme ses prédécesseurs, il se heurte au mal presque congénital, celui d'un rendement fiscal inefficace. Mais lui non-plus ne peut mettre en place les réformes nécessaires, faute de trouver un terrain d'entente avec la majorité des princes.

C’est le gendre de Sigismond qui lui succède en 1438, Albert II (1399-1439). Mais l’Empire doit faire face aux assauts des Polonais qui entrent en Bohême et des Turcs qui veulent s’emparer de la Hongrie. L’empereur meurt en 1439 en se battant contre les Turcs. C’est Frédéric III de Habsbourg (1415-1493) qui est élu empereur, et couronné roi des Romains sous le nom de Frédéric IV, en 1440. Il est le dernier empereur à se faire couronner à Rome (1452). Son fils Maximilien de Habsbourg (1459-1519) devenu roi des Romains en 1486 (d'ailleurs il gouverne l'Empire à la place de son père dès cette époque), va être à l’origine d’un des plus puissants états européens de ces Temps modernes qui s’annoncent. Son règne est placé sous le sceau de la stratégie matrimoniale. Il épouse en 1477, Marie de Bourgogne (1457-1482), fille de Charles le Téméraire (1433-1477) (il recevra à la mort de ce dernier, la Franche-Comté, l'Artois et la Flandre). En 1494, il épouse en seconde noce Bianca Sforza, s’opposant ainsi aux prétentions françaises en Italie (après avoir voulu épouser Anne de Bretagne (1477-1514)). En 1496, il fait marier son fils Philippe le Beau à Jeanne la Folle (1479-1555), héritière de Castille et d’Aragon. En 1515, il avalise le mariage de ses petits-enfants avec les héritiers du roi de Hongrie afin d’amener la Hongrie et la Bohême dans le giron de l‘Empire.
Quand il ne joue pas les marieurs, il réorganise l'administration de l’Empire (commencée par son père Frédéric IV) sous le regard vigilant des princes ou des villes d'Empire, en imposant notamment la Chambre de Justice d'Empire comme tribunal d'appel aux tribunaux d’Empire des Etats territoriaux. Cette Chambre de Justice d'Empire est aussi compétente pour régler les conflits entre Etats et pour assurer le respect de l'ordre publique dans l'Empire. Paralèllement à la Chambre de justice d'Empire Maximilien créé sa propre instance judiciaire, le Conseil aulique car il se veut le juge suprême au-dessus des Etats de l'Empire. Il cherche à donner aussi à l'Empire une administration régionale en le divisant en Cercles ou Kreise aux nombres de dix: Autriche, Bavière, Franconie, Bourgogne qui comprend les pays-Bas et la Franche-Comté, Rhénanie électorale formée du Palatinat, de Cologne, de Mayence et de Trèves, Haute-Saxe, Basse-Saxe, Souabe, Haut-Rhin et Bas-Rhin. N'entrent pas dans les Cercles, les territoires suisses, italiens, la Bohême, les territoires de l'Ordre teutonique ni ceux de la chevalerie d'Empire. "Aux "Etats de l'Empire" correspondaient les "Etats du Cercle" ( Kreisstande ) , régulièrement réunis dans une "diétine" ( Kreistag ) [...] Les Cercles possédaient une chancellerie et des archives , ainsi qu'une trésorerie . Les affaires militaires étaient du ressort d'un "colonel du Cercle" (Kreisobrist)" (13).

A la mort de Maximilien, l'Empire comprend l'Allemagne, l'Autriche, la Bohême, les Pays-Bas, l'Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, la Savoie, des cantons suisses et presque tout le nord de l'Italie. Mais la faiblesse de cet empire réside dans son morcellement. L'Empire est divisé en centaines d'Etats dont les princes sont jaloux de leurs pouvoirs. Ces princes se réunissent en trois collèges: les 7 électeurs qui élisent l'empereur, près de 300 principautés laïques et ecclésiastiques, et une cinquantaine de villes affranchies (Nuremberg, Francfort ou Augsbourg). Ces trois collèges une fois réunis à la demande de l'empereur forment la Diète d'Empire. Une Diète dont il est surhumain d'obtenir quoi que ce soit du fait des divisions de ses membres. Et pourtant l'empereur ne peut se passer de son aval pour les grandes questions: fiscales, juridiques, législatives, diplomatiques ou militaires. Quand la Diète est arrivée à un accord, elle présente à l'empereur l'avis d'Empire afin qu'il le ratifie. Ce texte ratifié est le conclusum d'Empire. Les textes promulgués par une Diète sont réunis au sein d'un ouvrage nommé recès d'Empire. La Diète d'Empire permet désormais aux Etats d'Empire de contrer la volonté impériale s'ils l'estiment nécessaire et s'ils parviennent à s'entendre entre eux. Malgré cette volonté réformatrice, l'empereur ne dispose pas d'une administration optimale et centralisée, cela est toujours aussi criant en matière fiscale (s'il réussit à imposer une administration fiscale compétente à l'intérieur des Etats patrimoniaux des Habsbourg, il ne peut en faire pareillement au niveau de l'Empire) , qui puisse unir autour de son gouvernement toute une nation (ou du moins une bonne partie de ses forces vives), le Saint Empire de Nation Allemande comme il va se faire appeler officiellement à partir de 1512. La nation allemande n'est vraiment, pour l'instant, qu'un voeu pieu. Toutefois le Saint Empire de Nation Allemande comme il fonctionne désormais à cette époque est à l'origine de l'Etat fédéraliste qui verra le jour quelques siècles plus tard.

Au niveau économique, l'Allemagne après le désastre de la peste noire (1349-1350) va se relever de façon prodigieuse. Grâce au commerce, les produits venus de l'Orient via Venise transitent sur le territoire au même titre que ceux en provenance de France, d'Espagne ou des Pays-Bas qui y partent ou qui sont destinés aux Etats de l'Est dont la Russie. L'industrie textile, comme en France, se développe dans les campagnes donnant ainsi aux paysans un revenu d'appoint. Mais la grande richesse du territoire réside dans ses mines. Le fer dont les Allemands sont aussi passés maître dans le travail ("fonderies, aciéries et tréfileries"(e)) est l'une de ses principales ressources. Il ne faut pas négliger non-plus les mines d'argent qui permettent un acroissement non-négligeable de la masse monétaire. C'est donc normalement que les Allemands sont les maîtres de l'innovation en ce qui concerne l'imprimerie ou l'artillerie, ils sont aussi les inventeurs de la "technique du "ressuage" qui sépare l'argent du cuivre, indispensable à la fabrication du bronze et du laiton"(f). Deux villes vont essentiellement tirer leur épingle du jeu, Nuremberg et Augsbourg, où se développe une véritable classe de capitalistes avant l'heure.
Les artistes ne sont pas en reste non-plus. Citons pêle-mêle les noms de Hoblein le Jeune, Grünewald, Baldung ou bien-sûr, Dürer. Si l'essor de l'imprimerie n'est pas seulement dû à la maitrise de la technique, c'est aussi parce que les livres sont avidemment recherchés, notamment la traduction de la Bible dans la langue locale. Désormais les croyants cultivés passent presque directement par Dieu, et ses saints de l'Eglise catholiques romaines n'y voient peut-être pas encore les dangers de la Réforme qui s'annonce. Les gens qui ne savent pas lire, aspirent évidemment à son apprentissage, notamment parmi les classes aisées. Sous l'impulsion des Frères de la vie commune, qui sont à l'origine d'une nouvelle technique pédagogique basée sur l'étude de textes classiques et de la civilisation non-moins classique, s'ouvrent dans nombre de villes des gymnases (lycées). A la sortie des gymnases, les étudiants peuvent entrer au sein de leur ville (si elle est d'une importance certaine) dans des facultés qui dépendent d'une université mère comme celle de Prague. Dans ce monde en pleine effervescence économique et culturelle va survenir, un homme Martin Luther (1483-1546) qui va en changer à jamais la face.


Les grandes dates du moyen age

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